Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 8.djvu/605

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tarifs douaniers, la Russie assista impuissante à la diminution continue de l’exportation du froment et du seigle et à l’invasion des produits manufacturés allemands, principalement en Pologne et en Finlande. Seuls le maïs, l’orge, l’avoine et le son accusèrent une progression constante, car il s’agissait de produits indispensables pour le bétail allemand. D’ailleurs, suivant le traité de 1904, le son était admis en franchise et le tarif sur l’orge servant à l’alimentation des animaux diminué sensiblement, pour tenir compte de l’intérêt primordial que l’Allemagne attachait au développement de son élevage.

Ainsi l’Allemagne, par ses tarifs protecteurs, entravait l’exportation du blé et du seigle russes, alors que, d’autre part, elle favorisait l’introduction des produits qui contribuaient à l’accroissement de sa richesse nationale. Elle surimposait les céréales importées d’environ 54 millions de roubles par an et pouvait même, dans le cas d’une guerre douanière, fermer complètement ses frontières aux importations russes.

En outre, dans son esprit de haute prévision, l’Allemagne avait cherché à s’assurer par traité un certain nombre d’avantages concernant sa pénétration en Russie. Le Gouvernement de Berlin avait obtenu pour ses nationaux le droit de posséder des biens immobiliers sur tout le territoire de l’Empire russe, le droit du transit par le Transcaucasien et le Transsibérien, l’abolition des distinctions qui existaient entre les commis-voyageurs allemands chrétiens et Israélites, au point de vue de la délivrance des certificats et de l’imposition. Il faut noter en outre que la Russie ne devait plus appliquer de différence entre les produits venant par mer et ceux venant par terre, — différence qui, dans l’intention des auteurs de l’ancien tarif des douanes russes, était dirigée contre les importations allemandes.

De son côté, l’Allemagne s’engageait à modifier, dans le nouveau tarif, la clause de la nation la plus favorisée, de telle sorte qu’elle ne pouvait établir, dans aucun cas, des droits différentiels pour les produits russes, à l’exception toutefois du sucre.

Nul besoin de nous perdre en déductions sur les avantages que l’Allemagne a su tirer du traité de 1904 ; il suffit de considérer les chiffres qui en expriment clairement le résultat.

D’après l’annuaire statistique de l’Empire allemand, voici