avec lequel on espère créer un irrésistible courant d’opinion. Les capitalistes allemands ne demandent pas mieux que d’engager leur argent et de contribuer à l’établissement d’étroites relations commerciales. L’Allemagne a besoin des richesses naturelles de la Russie ; en revanche, elle peut mettre à sa disposition le capital, le matériel et le personnel technique expérimenté, indispensable pour son relèvement. Quant à la barrière polonaise, il n’en est jamais fait mention.
Commentant cette déclaration du représentant allemand à Moscou, les « Izvestia » (organe officiel du Gouvernement de Moscou) exposent, sur la même question, le point de vue russe.
« Les renseignements semblent concorder pour montrer que la bourgeoisie allemande a enfin compris où se trouve son intérêt. Comme nous, elle est d’avis qu’il est grand temps de passer des vœux et des paroles aux actes positifs. Si les Allemands ne se laissent plus saisir par la peur devant les Alliés ou par l’espoir fantastique d’une entente internationale au sujet de la place qui doit leur revenir en Russie, ils pourraient occuper chez nous, grâce à des pourparlers directs, un vaste champ d’activité. La Russie ne peut pas restaurer rapidement sa vie économique sans le concours des capitaux étrangers. Or, pour nous, c’est le capital allemand qui est le plus désirable, car il est à la fois bon marché et commode, proche et inventif, actif et courageux. Les Allemands rêvent de transformer la Russie en pays purement importateur où ils pourraient écouler leur surproduction industrielle. Si nous devons accepter cette situation, ce n’est que provisoirement, car nous ne songeons nullement à renoncer au rétablissement de notre industrie. Nous ferons tout notre possible pour que la Russie ne devienne pas une colonie allemande ou anglaise, au point de vue politique ou économique. Voilà où nos idées divergent, mais cela n’est pas une affaire d’actualité brûlante. Ce qui importe surtout, c’est que l’Allemagne cesse de trembler devant l’Entente et qu’elle se mette sérieusement à causer directement avec nous. »
Ce rapprochement ne répond, jusqu’à présent, à aucun arrangement défini ; l’alliance n’est qu’à l’état de menace, et, sous cette forme, elle apparaît comme une éventualité redoutable. Il n’y a pas de doute, dit Radek, un autre leader du bolchévisme, que les Puissances de l’Entente semblent avoir créé une communauté de desseins entre les deux pays. Si l’Allemagne