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une âme et vivons en bourgeois retirés avec une simplicité républicaine.

A bientôt donc, cher Maître, mille compliments de ma femme et respectueux, affectueux dévouement.

A Henri de Pontmartin


Aix-les-Bains, maison Bertier, rue de Chambéry,

16 juin 1879.

Mon cher ami,

Mon courroux, qui eût été si justifié, n’est pas la cause de mon silence, mais bien la dévorante activité de Paris où je viens de passer trois semaines fort embesognées. J’ai quitté la villa Borgo, après vous y avoir vainement attendu, vers le 25 mai seulement ; le rapide était si bondé à ce moment que nous avons dû, pour installer ma femme commodément, prendre le simple express de jour et voir contre toutes mes habitudes la Provence de nuit et la Bourgogne de jour. J’ai brûlé Avignon à minuit et je ne pouvais penser à vous déranger à cette heure indue.

Après trois odieuses semaines de mouvement perpétuel à Paris, nous voici arrivés d’hier à Aix pour y achever notre congé dans le repos et le bon air des montagnes de Savoie. C’est ici que vous devez réparer tous vos crimes et vous faire pardonner en nous faisant une bonne visite. Nous repartons le 5 juillet pour traverser seulement Paris et nous trouver à Pétersbourg du 10 au 15, afin d’y attendre les grands événements de la fin d’août. Dieu sait pour combien de temps je ferai mon nouveau bail avec l’exil et le futur président de la R. F. Vous n’avez cette fois aucune raison valable de ne pas venir nous serrer la main dans ce très tranquille séjour : si vous vous décidez, j’irai à votre rencontre à Grenoble pour revoir le Grésivaudan. — Quant à M. votre père, il a un moyen plus simple de changer en bénédictions nos malédictions du mois d’avril ; il recevra en septembre de C. Lévy un volume : les Histoires orientales, pour lequel je lui demande un samedi de faveur. Ce sont les quatre derniers articles, plus un nouveau qui paraîtra à la Revue le 1er ou le 15 juillet. Le volume eût été prêt avant mon départ de France, grâce à la merveilleuse rapidité de mon nouvel éditeur ; mais il est de tradition qu’on ne peut rien lancer avant les vendanges...

Adieu, cher ami, et cordiales poignées de mains.