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prépondérante, ni qu’un établissement trop voisin de l’Egypte lui permette d’exercer un protectorat plus ou moins déguisé sur certaines populations orientales, et d’organiser dans les régions ainsi administrées des forces militaires qui seraient une menace pour la puissance anglaise. N’oubliez pas que la dernière guerre a mis en évidence, aux yeux de vos alliés comme à ceux de vos ennemis, la supériorité des armes françaises sur terre.

« Ainsi la solution du problème oriental nous paraît complètement et exclusivement subordonnée à la composition du conflit qui met aux prises la France et l’Angleterre en Orient. Tant que la France et l’Angleterre ne se seront pas mises d’accord, aucune réforme, aucune organisation n’est possible, ni pour l’Arménie, ni pour toute autre région de l’Asie occidentale. Faute de cet accord, les peuples chrétiens d’Orient qui aspirent à l’indépendance, ou pour le moins à la tranquillité, les attendront vainement pendant cinquante ou pendant cent ans. Les Turcs sont désormais trop faibles, en nombre et on valeur, pour nous maintenir sous leur joug : tout seuls, ils sont impuissants ; mais ils savent, et nous savons comme eux, que, tant que durera cette rivalité entre deux quelconques des grandes Puissances, il s’en trouvera toujours une pour les soutenir à nos dépens. Tel est le sort tragique des nations orientales, qui, livrées à elles-mêmes, se seraient querellées, battues, mais auraient sans doute fini par s’entendre. Tout espoir de vivre en paix les unes avec les autres a disparu de leur horizon, le jour où elles ont vu venir à leur secours, auxiliaires impérieux et formidables, les Grands Protecteurs d’Occident. »


MAURICE PERNOT.