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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/117

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Mais les pilotes s’impatientent ; on mettra le cap sur In-Salah à 14 heures. Le général a prodigué les avis, confié au commandant Rolland une merveilleuse carte au 800 000e, et multiplié les renseignements précieux sur le parcours qui doit être effectué. Tout ira donc sans encombre. Tout va ; presque toujours, la piste ne trahit point l’espoir qu’on a placé en elle ; le reste du temps, la carte assure la direction. Le batem du Tadgemaït s’étend, comme une mer d’encre noire, où les sommets des gours forment comme des taches d’huile ; des millions de grains de sable semblent tisser devant le soleil un voile d’or. « On ne voit qu’à la verticale, et notre unique ressource est la piste. » Brusquement, la Sebkra d’In-Salah aux reflets argentés étale son miroir sur les dunes qui, au soleil couchant, projettent d’immenses ombres où se noient, à peine visibles, le village et le bordj parmi les palmiers échevelés.

A In-Salah, on bavarde, on s’attarde. Le général Laperrine exulte. Voici ce qu’il raconte. Il a appris confidentiellement à Biskra que le général Nivelle ne devait point laisser le commandant Vuillemin se rendre seul à Tombouctou et à Dakar. Il s’est dit, le général Nivelle défaillant : « Pourquoi pas moi ? » Immédiatement, il a avisé : « Biskra, 6 février. Général Laperrine à général Nivelle. Sauf ordre contraire, si l’avion Bernard donne satisfaction, je compte continuer au delà de Tamanrasset conformément à vos projets dont j’ai eu connaissance ici. — Alger, 6 février. Général Nivelle à général Laperrine. Je ne puis, de ma propre autorité, vous autoriser à continuer au delà de Tamanrasset. Je soumets votre proposition au ministre. — Alger, 6 février. Général Nivelle à ministre de la Guerre. Le général Laperrine me demande l’autorisation de continuer sa reconnaissance en avion sur Tombouctou et Dakar, ainsi que vous avez bien voulu m’y autoriser. Je vous demande votre décision, à ce sujet, télégraphiquement, afin de pouvoir la lui notifier en cours de route. — Paris, 7 février. Ministre de la Guerre à général Nivelle. Le général Laperrine ayant pris provisoirement vos attributions peut profiter de ce fait des autorisations qui vous furent accordées. » Quelle merveilleuse invention que la T. S. F. ! En moins de trois jours, elle a mis le comble au bonheur du général Laperrine.

Aussi, le lendemain, 9 février, pendant qu’on répare les avions, il se dépense en démonstrations amicales vis-à-vis de