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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/133

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EINSTEIN
EXPOSE ET DISCUTE SA THÉORIE

C’est sans doute un événement sans précédent que l’exposé récent fait par Einstein de son œuvre au Collège de France joint aux discussions qui ont suivi. Le célèbre physicien s’y est prêté avec une inépuisable patience. On sentait en lui le désir de ne laisser dans l’ombre aucun malentendu, de n’ignorer aucune des objections, de provoquer au contraire celles-ci pour les mieux étreindre face à face et les bousculer.

Aux États-Unis, à Londres, en Italie où Einstein fut successivement reçu il y a quelques mois, il s’était borné à définir, dans des sortes de conférences, la théorie de la Relativité. Aux États-Unis et à Londres, il préféra parler en allemand à cause de sa connaissance imparfaite de l’anglais ; en Italie, il s’exprima au contraire en italien, ce qui lui fournit un contact plus intime avec son auditoire. Mais dans tous ces pays il se limita à un exposé monologué et « non contradictoire, » — si on veut me permettre cette expression incorrecte, mais imagée que j’emprunte à notre argot politicien.

À Paris, au contraire, Einstein ne s’est pas contenté de parler didactiquement ex cathedra. Il s’est résolument lancé dans la controverse, répondant publiquement dans des séances de discussion désormais fameuses, à tout ce qui lui était objecté ou demandé par quelques-uns des représentants les plus éminents de la science.

J’ai pensé qu’il ne serait pas inutile de donner, de ces joutes historiques de la pensée, une image aussi exacte que possible, — et dont pourtant le langage trop ésotérique des techni-