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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/241

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représentant du Japon, qui n’est pas convaincu de la loyauté parfaite des Bolchévistes et qui apporte des preuves. Gêneurs enfin tous ceux qui n’adhèrent pas sans réserves à toutes les initiatives du Premier britannique, qui les croient dangereuses pour l’avenir de la paix et du travail européen et qui préféreraient, à ses improvisations décevantes, des méthodes plus précises, et à ses projets grandioses, des solutions mieux étudiées. A tous M. Lloyd George adresse des menaces sibyllines : « Je dois parler entre amis et en ami. L’accord que nous envisageons ne doit avoir pour objet que de garantir la paix universelle. S’il s’agissait de raviver les anciens antagonismes, la démocratie anglaise préférerait rester en dehors de cette alliance ; des événements récents ont refroidi la confiance du peuple anglais dans les accords entre les Alliés. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour la cause de l’union avant, pendant et depuis la guerre. Je suis toujours disposé à agir de même. Mais je dois ajouter que la démocratie anglaise ira toujours du côté de la paix et se tournera vers les collaborateurs de la paix dans tous les pays, quel que soit l’horizon d’où ils viennent. » Si M. Lloyd George cherchait un éclat parlerait-il autrement ? M. Barthou a été bien inspiré en ne tombant pas dans le piège et en se contentant d’affirmer que la délégation et la démocratie française partagent ces aspirations pacifiques, à quoi M. Lloyd George répliqua sur un ton rogue qu’il aurait quelque chose à dire à ce sujet, mais que ce n’était pas le moment. Au contraire, c’est le moment ! Les Alliés de la Grande Guerre ne peuvent rester dans l’équivoque et collaborer dans la défiance. Si M. Lloyd George estime que les meilleurs « collaborateurs de la paix, » sont les Bolchévistes et les Allemands qui viennent de conclure l’accord de Rapallo, qu’il le dise ! M. Rathenau le lui souffle, lui qui affirme qu’en signant ce Traité, il a cru agir conformément à l’esprit de pacification qui domine la Conférence.

Malgré ses boutades et les sautes de vent de son imagination, M. Lloyd George s’imagine conduire le bateau de la Conférence ; en réalité, il est le jouet des Bolchévistes. Il y a toujours quelque inconvénient, quand on n’est pas du métier, à manier certaines formules explosives ; les délégués des Soviets sont plus experts dans cet art dangereux que le politicien du pays de Galles. La Russie bolchéviste apparaît à la fois, grâce aux illusions du Premier anglais et aux complaisances de M. Schanzer, comme la Puissance qui conduit la Conférence et qui inspire ses résolutions, et, en même temps, comme le centre d’un grand groupement politique et militaire qui englobe,