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et de Rome. L’idée est née à la suite de la découverte de la « Dame d’Elche, » en 1807, qui révélait aux archéologues aussi bien qu’au grand public l’art des vieux Ibères. M. Pierre Paris, à qui est due cette belle découverte, était, à cette occasion, invité par M. Roujon, alors directeur des Beaux-Arts, à lui présenter un rapport sur l’intérêt que présenterait la fondation d’une Ecole française d’Espagne. Il y écrivait : « Un domaine immense, l’Ibérie, est découvert, presque vierge et qu’il faut mettre en valeur. Il faut en fixer les limites et les divisions géographiques et ethniques, retrouver et explorer tous les établissements qui en subsistent, découvrir et relever les ruines des villes et les nécropoles, rechercher par des fouilles les restes de l’architecture, de la sculpture, de toutes les industries de la terre cuite, de la métallurgie, de l’orfèvrerie, recueillir les documents épigraphiques, numismatiques, etc. » M. Pierre Paris montrait ensuite comment l’Espagne, placée aux bornes occidentales du monde ancien, reçut sans trêve et sans fin les apports des civilisations étrangères, comment elle prolongea la Phénicie, la Grèce et Rome, en sorte que son histoire est une part essentielle de l’histoire du monde méditerranéen. Il n’insistait pas moins sur l’Espagne chrétienne et énumérait quelques-uns des problèmes qui, depuis les temps de la conquête arabe, à travers tout le moyen âge et la Renaissance, jusqu’à nos jours, sollicitent l’érudition et la critique. Ce qui donne en effet sa physionomie propre à cette Ecole, c’est qu’elle ne se limite pas à l’archéologie : les institutions, le droit, les arts, les sciences de l’Espagne, l’intéressent au même titre.

L’Ecole des hautes études hispaniques en est à sa douzième année. De jeunes agrégés de l’Université y travaillent sous la direction de M. Pierre Paris, qui lui-même, tout récemment, pratiquait d’intéressantes fouilles dans la province de Cadix, à Bolonia, — l’antique Belo, dont les colonnes brisées se détachent sur l’horizon marin. Bientôt elle va quitter l’Institut français, où elle est à l’étroit et dont la totalité sera réservée à l’Œuvre d’enseignement. Elle se prépare à émigrer dans la belle demeure qu’on lui construit, sur des terrains dus à la libéralité d’Alphonse XIII. Non loin du Palais royal, en plein parc de l’Ouest, sur un coteau faisant face à la sierra couverte de neige et d’où la vue s’étend sur un horizon magnifique, s’élèvera la Villa Velazquez. La première pierre a été solennellement