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joyeux et sains en criant : « Sayonara, » l’« au revoir » japonais, jusqu’à ce que les autos aient disparu.


II

OSAKA ET KOBÉ

15-19 février.

Le Maréchal avait quitté Kyoto dans la matinée du 15 février : de l’hôtel à la gare, c’est-à-dire sur trois kilomètres environ, plus de 40 000 enfants agitaient encore joyeusement de petits drapeaux tricolores et japonais : de proche en proche, au fur et à mesure que les autos arrivaient à leur hauteur, il semblait qu’un souffle les fît frémir : on eût dit d’un parterre de fleurs blanches, rouges et bleues.

Après un court voyage en chemin de fer, le maréchal arrivait à Osaka. Au milieu de la foule enthousiaste, il atteint le château et monte à son sommet : c’est une forteresse pyramidale, faite d’un amoncellement cyclopéen de rochers énormes. De là-haut la vue s’étend sur Osaka. Ici, nouvel aspect inconnu : alors que les toits de Kyoto vus des hauteurs apparaissent égaux, gris, plats, sans cheminées, ici, partout alentour, des gratte-ciels, des usines, des grands ponts métalliques, des maisons de béton, des grues géantes, des cheminées innombrables perdues dans la brume lointaine : un lourd nuage de fumée noire traîne sur la ville : ce n’est plus le Japon d’hier.

À la mairie, même impression : un immense monument américain, aux larges escaliers, aux parois de stuc, plusieurs ascenseurs ; le déjeuner a lieu dans un hall immense ; dans l’immense assistance de plus de 400 personnes, pas un kimono ; rien que des hommes d’affaires.

Et cependant un tout petit détail rappelle l’aimable pays où se déploie toute cette jeune activité : il donne à cette journée passée dans ce milieu moderne une saveur spéciale : alors qu’au commun des mortels on offrait quelque volaille, à la table d’honneur on servait de la cigogne : c’est l’oiseau symbole de la longévité, il apporte bonheur et longue vie à ceux qui en mangent. Que les bons Français soient satisfaits, le Maréchal en a mangé !

Le soir, d’assez bonne heure, le Maréchal arrivait à Kobé, le