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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/466

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cette vitesse que nous avons trouvée presque égale à 300 000 kilomètres par seconde, et que, pour simplifier, nous appellerons V.

Les observations physiques ont-elles établi ce que n’avaient pu prouver les astronomiques ? Pas davantage. Longtemps on a cru qu’en ajoutant à la vitesse de la lumière, celle de l’observateur, c’est-à-dire en précipitant l’observateur avec une vitesse v à la rencontre d’un rayon lumineux, on réaliserait pour celui-ci une vitesse relative plus grande que V, et, dans le cas particulier, égale à V + v. Vain espoir. La loi de composition, d’addition des vitesses dont on se servait était fausse. Ou du moins ici inapplicable. C’est parce qu’on s’y était trompé, qu’on fut si étonné du résultat négatif de l’expérience de Michelson. Cette expérience montra, je le rappelle, que la vitesse de la terre autour du soleil ne s’ajoute pas à la vitesse V de la lumière.

Car, de quelque façon qu’on le retourne, ou qu’on l’interprète, il y a un fait, un phénomène, une constatation expérimentale mise en évidence par l’expérience de Michelson et les expériences analogues : on n’a jamais pu observer que la vitesse d’un mobile s’ajoute à celle de la lumière. Dans quelque circonstance optique et cinématique que ce soit, toujours on trouve invariable cette vitesse V.

C’est là un fait, — étrange peut-être pour certains, et incompréhensible pour beaucoup, — mais c’est pourtant un fait que nul ne conteste, dont nul ne nie la réalité expérimentale.

Or, c’est sur ce fait qu’est bâtie la synthèse einsteinienne. Ceux qui s’obstinent à considérer cette synthèse comme bâtie sur la convention, sur le postulat, que la vitesse observable de la lumière est constante, se méprennent donc, à moins que les mots n’aient plus de sens. Car enfin, il n’y a rien de moins conventionnel qu’un fait, même difficile à expliquer, mais sur la réalité duquel tout le monde est d’accord. Est-il vrai que jamais, en aucune circonstance, par aucun moyen (et dans un champ de gravitation faible bien entendu), on n’ait pu réaliser encore, ni observer une vitesse de la lumière différente de V ? Il n’est personne, même parmi les plus acharnés adversaires d’Einstein, qui ne doive répondre : oui. Cela suffit.

La précision, ou plutôt la réserve incluse dans la parenthèse qui précède est nécessaire, car elle va nous permettre de préciser un point important de la théorie de la Relativité, et d’attirer l’attention sur une des bévues les plus singulières auxquelles a donné lieu cette théorie mal interprétée.

Mes lecteurs se souviennent qu’une des vérifications les plus étonnantes des prévisions théoriques d’Einstein a consisté dans l’observation