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Quelles en seront les conséquences pour l’issue de la Conférence de Gênes ? Le mémorandum reste soumis aux Bolchévistes qui, si l’on en croit les déclarations faites à des journalistes, le rejetteraient en bloc, ou tout au moins présenteraient des objections et des contre-propositions qui provoqueraient la clôture ou l’ajournement de la Conférence.

De toutes façons, les résultats, en ce qui concerne la question russe, s’annoncent comme négatifs, ou peu s’en faut. La lettre que M. Tchitchérine a adressée le 30 avril à M. Barthou laissait prévoir une telle issue et s’efforçait déjà d’amorcer avec la France des négociations directes. C’est une hypothèse qui ne saurait être écartée sans examen ; l’Angleterre, l’Italie, la Pologne, d’autres États encore, ont négocié avant Gênes ou négocient à Gênes avec le Gouvernement des Soviets ; ils négocieront à plus forte raison demain ; resterons-nous seuls sans essayer de sauvegarder les grands intérêts français en Russie ? Discuter d’abord des questions de principes avec un Gouvernement qui ne cesse d’affirmer que son but est la destruction des sociétés telles qu’elles sont constituées dans tous les pays civilisés et qu’il ne reconnaît, avec les pays « capitalistes, » aucune base commune de droit, c’est se condamner d’avance à l’échec, c’est aussi favoriser la propagande subversive du communisme russe. La meilleure méthode serait, semble-t-il, de rester sur le terrain des faits et des intérêts, sans débattre à fond la question des dettes que, de toute évidence, le Gouvernement par qui meurt la Russie est incapable de payer aujourd’hui ; toute tractation serait seulement précédée d’une déclaration formelle réservant tous les droits de la France et des ressortissants français ; de telles négociations n’en- traîneraient nullement la reconnaissance de jure du Gouvernement des Soviets ; des relations de fait s’établiraient qui aideraient à la restauration de la Russie, à son évolution intérieure et au sauvetage des intérêts français.

L’exemple d’une négociation directe sur le terrain des faits nous vient de haut, puisque c’est le Vatican qui nous le donne. Il n’est pas quoi qu’on en ait dit, question d’une sorte de concordat entre le Saint-Siège et le Gouvernement des Soviets, mais seulement de pourparlers sur les conditions dans lesquelles des religieux seront admis à porter des secours aux affamés de Russie et, en général, sur la situation faite aux catholiques dans l’État bolchéviste. Trois pères salésiens (Italiens), trois jésuites (qui ne devront être ni Français, ni Belges, ainsi l’ont exigé les Bolchévistes), trois pères du Verbe