divin de Steyl (Allemands ou Hollandais) se partagent l’immense domaine russe pour y exercer, au nom du Pape, la charité catholique. Dans une nouvelle lettre, adressée, cette fois, au Secrétaire d’État, Pie XI fait des vœux pour le succès de la Conférence de Gênes et pour le soulagement des « malheureuses populations de l’Extrême-Europe qui, déjà désolée par la guerre, les luttes intestines, la persécution religieuse, sont en outre décimées par la faim et les épidémies ; » il semble prévoir qu’un échec de la Conférence amènerait une aggravation des « conditions déjà si misérables et menaçantes de l’Europe, avec la perspective de souffrances plus grandes et le danger d’une conflagration qui bouleverserait toute la civilisation chrétienne. » Dans la mêlée des passions et des intérêts, ces paroles hautement charitables, encore qu’assez pessimistes, ont été interprétées ou exploitées à des fins bien éloignées de celles que le Pape, dans son zèle apostolique, se proposait. M. Lloyd George, à Gênes, s’est hâté de faire afficher, dans la maison des journalistes, une note où il présentait la lettre de Pie XI comme un haut et précieux encouragement pour sa propre politique à l’égard de la Russie. En Allemagne, on a comparé l’accord germano-bolchéviste à cet « embrassement de la justice et de la paix » dont par le Pie XI et auquel l’accord de Rapallo ne ressemble que de loin ! On a tant abusé, depuis quelques semaines, des grands et beaux mots, que même lorsqu’ils tombent d’une bouche auguste et désintéressée, ils risquent de prendre, par le rapprochement, je ne sais quelles apparences suspectes auxquelles était loin de penser celui qui les a prononcés ; tel a été le sort, en ces derniers jours, des deux lettres du Pape.
La question du pacte, si les Bolchévistes n’acceptent pas les conditions qui leur permettraient de figurer parmi les signataires, perd beaucoup de son intérêt ; signé par les Russes, qui ne sont pas partie au traité de Versailles, il ajouterait quelque chose aux garanties de la paix ; sans leur signature, il ne ferait que renouveler, sans en accroître l’autorité, au contraire, l’article 10 du pacte de la Société des Nations, et peut-être les Allemands saisiraient-ils ce prétexte pour contester la valeur des articles de Versailles qui n’auraient pas reçu à Gênes la même confirmation.
Si M. Lloyd George n’obtient pas l’adhésion des Bolchévistes au mémorandum, si de lui-même il renonce au pacte de non-agression, il lui faudra reconnaître l’échec de sa grande, — et d’ailleurs généreuse,— : tentative de restauration européenne ; les travaux, si intéressants et honorables qu’ils soient, des commissions techniques, ne