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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/561

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recrute lui-même et prend la responsabilité de ce qu’il montre au public, vous soulèverez une protestation unanime. Car il est entendu, sans examen et comme un axiome, que les œuvres les plus puissantes du XIXe siècle ont été refusées aux Salons par les jurys de l’Institut. Après quoi, chacun va, dans son particulier, s’affilier et donner la primeur de ses œuvres à une société tout à fait fermée, recrutée par elle-même, qui n’est autre chose qu’une petite Académie royale ou un petit Institut. Le public l’encourage en visitant ces expositions avec beaucoup plus de soin et de curiosité qu’il ne fait les Salons. Il se sent devant un choix, un programme, il n’est pas éperdu de tintamarre et d’embrouillamini, recru de fatigue, il ne succombe pas sous le nombre : il éprouve, comprend et admire plus volontiers. C’est ainsi que, cet hiver, il est allé voir les Aquarellistes français à la Galerie Georges Petit, les envois de la Société de la Gravure sur bois originale, au Pavillon de Marsan, où M. Pierre Gusman exposait des camaïeux où il a très fortement exprimé le caractère du pin parasol et du mont à Pompéi.

De leur côté, les graveurs à l’eau-forte ont fait une exposition aux galeries Simonson, et le groupe dit de la Cimaise, à la galerie Devambez, a réuni des œuvres délicates, de petites dimensions, avec l’attrait d’une exposition particulière de l’excellent paysagiste qu’est M. Marcel Bain. Bien d’autres groupements encore, tels que les Peintres de la montagne, la Société internationale de peinture et de sculpture, l’Effort moderne, ont fait entendre toutes les notes de la symphonie, même les plus discordantes, avant le lever du rideau. On pourrait citer tel jeune aquarelliste, dont on a vu les œuvres, cet hiver, dans quatre expositions de groupes différents, — et qu’on revoit une cinquième fois aux Champs-Elysées. On ne s’en plaint pas, car il est bon à voir, mais il est difficile d’espérer que le Salon apporte sur son œuvre une foudroyante révélation.

Enfin, nombre de solitaires font leur Salon à eux tout seuls. Les amateurs les suivent, attirés par l’extrême variété des sujets et des techniques. On fait le tour du monde, en leur compagnie. Cet hiver, M. Communal d’abord, puis M. Majorelle nous ont donné de saisissants aspects du Maroc où les fervents Africains, de plus en plus nombreux, ont aimé à rapatrier leurs souvenirs. M. l’abbé Calès, compatriote et successeur de l’abbé Guétal, nous a menés dans la vallée de Graisivaudan, qu’il