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affaires du monde, puis des idées candidement humanitaires et pacifistes des masses ouvrières que dirige M. Gompers, enfin de l’avantage qu’il y aurait, pour le prestige des républicains, à montrer quels résultats bienfaisants ils pouvaient obtenir d’une réunion relativement internationale qu’ils opposeraient à la Société des Nations, création du chef du parti démocrate.

M. Lloyd George, de son côté, se sentant vivement pressé par les adversaires de la « Coalition » qu’il avait maintenue au pouvoir en 1918, à charge pour elle de lui laisser gouverner l’Angleterre et l’Europe, l’Asie et l’Afrique ; très préoccupé, d’ailleurs, et non sans raison, de l’extension du chômage et résolu à tout tenter, à tout faire pour remonter la pente qui, de la diminution continue des exportations, aboutit à la ruine et à la banqueroute, M. Lloyd George, disons-nous, ne voyait que des bénéfices à des tractations ayant pour objet de diminuer immédiatement les dépenses de l’ordre militaire, — que la commission Eric Geddes commençait à découvrir exorbitantes, — pourvu que l’Amirauté, encore plus que le « War office, » s’avisât d’un biais moyennant quoi la force britannique ne fût pas sérieusement atteinte.

Or il s’agissait précisément, dans la proposition américaine, de diminuer les armements navals, de supprimer un certain nombre de navires de haut bord démodés, et d’interrompre pendant dix ans toutes les constructions de « capital ships » dans les arsenaux et chantiers privés. C’était le salut.

II fut entendu qu’à Washington la délégation britannique, — très soigneusement composée, — accepterait l’inévitable, qui était la constatation et la consécration du fait que, pendant la guerre, sous la vigoureuse impulsion du secrétaire d’Etat de M. Wilson à la marine, M. Daniels, la flotte des Etats-Unis avait pris une extension considérable. Elle égalait presque la flotte anglaise. Bien mieux, si les constructions n’étaient pas arrêtées aux Etats-Unis, l’équilibre allait être rompu au bénéfice du Nouveau-Monde, car la situation financière anglaise et la gravité de la crise économique ne permettraient plus à l’ancienne impératrice des mers de garder le premier rang en menant à bonne fin son plan de construction.

La seule ressource était donc pour elle de tout arrêter à la date de novembre 1921. Personne ne construisant plus, la Grande-Bretagne conservait encore un faible avantage numérique sur