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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/65

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servitude. Votre œuvre est le fruit de cette solitude et de cette servitude volontaire. Tout grand œuvre est monacal. Et qui ne sait que servitude volontaire devient à la longue liberté complète ? Un bonheur initial, qu’on s’imagine libre, n’aboutit souvent qu’à une lamentable détresse, tandis qu’une grande peine est souvent la condition première du bonheur et de la sérénité...

Mon cher maître, je parlais plus haut, en plaisantant, d’enfants et de dessert. L’image avait plus de justesse et de gravité qu’elle n’en paraissait avoir. Vos élèves, vos fils spirituels, ont décidé de vous offrir un livre d’or sous la forme d’un recueil de Mélanges. Tous n’y paraîtront pas. Pour la plupart, ce sont des maîtres que nous convierons à nourrir notre entreprise, pour qu’elle soit digne de vous. Mais nous avons voulu , que ce fût la jeunesse qui en eût d’abord l’idée et qui vous l’annonçât. J’ai consulté M. Pageyran à ce sujet. Il m’a approuvé, et il a accepté d’être le président du Comité, dont il a trouvé bon, comme mes camarades, que je fusse le secrétaire.

Veuillez agréer, etc..

EDMOND LARMECHIN.


IV. — 1894-1897


Renaud Dangennes à Madame Anne-Marie Varages.


Paris, février 1894.

Madame,

Un grand malheur vient de vous arracher le compagnon de toute votre vie. Il n’est aucun de vos amis qui ne l’ait ressenti avec l’émotion la plus vive. Souffrez, Madame, que je m’approche d’eux et de vous, pour vous témoigner combien la pensée de votre affliction me touche. En vous le cachant, j’aurais cru manquer au devoir que la vérité impose, et je ne doute pas un instant que vous n’agréiez, comme je l’éprouve, l’aveu que je vous en fais, et qui est sincère.

M. Varages était un homme de bien et un galant homme. Il s’est montré digne du bonheur qu’il a trouvé en vous. Il vous l’a rendu. Il vous a donné presque trente ans de sa vie Et tout être humain, écoutant la voix intérieure, ne peut que s’incliner