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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/901

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utile, sur le point attaqué, les forces nécessaires. Le commandement supérieur fait appel à la cavalerie et la pousse vers le Nord.

En 60 heures de marches forcées, sur un parcours de 200 kilomètres, à travers la zone encombrée des arrières britanniques, le 2e corps de cavalerie bondit de Normandie en Belgique et arrive à temps, en entier, à portée d’intervention du front menacé. Les unités de cavalerie sont placées comme réserves mobiles, derrière un front martelé par une puissante artillerie, et dont on appréhende le craquement. Elles s’engagent sur les points où la ligne fléchit. Locre marque le centre de la résistance des cavaliers pied à terre et le terme de la ruée ennemie vers les monts.

En mai, notre front est balayé au Chemin des Dames. Le flot des forces allemandes, passant par-dessus l’Aisne, vient battre les lisières de la forêt de Villers-Cotterets, dernière défense naturelle de Paris.

Le 1er corps de cavalerie, qui se trouve malheureusement dispersé, arrive brigade par brigade, étend néanmoins devant l’ennemi dès son débouché au Sud de la Vesle, un rideau élastique qui ralentit l’offensive, trop ténu cependant pour l’arrêter. Sans cesse, le front se déchire sous la poussée de l’assaillant, mais les éléments de cavalerie qui arrivent successivement, peuvent être jetés au point précis où il faut aveugler la brèche. Un front de résistance est constitué enfin, le long de la Marne, au moyen d’une forte artillerie que couvre la cavalerie, et l’avance allemande s’arrête devant cette digue.

Le 2e corps de cavalerie est revenu des Flandres en Normandie après avoir, dans sa marche et sa contre-marche, couvert 450 kilomètres. Il est à nouveau alerté, refait 200 kilomètres en trois jours et arrive à temps, sur l’Ourcq, pour arrêter l’effort allemand vers Meaux, par le Sud de la forêt de Villers-Cotterets.

La découverte éclaire la situation, sur laquelle la rupture de toutes les liaisons téléphoniques et tactiques et l’infériorité momentanée de notre aviation laissaient planer un inconnu angoissant ; le front désormais est dessiné, la largeur de la brèche est déterminée : le 11e corps tient Faverolles à gauche, au Sud de la forêt, le 7e corps est à droite, sur le Clignon, à Bussières, au Nord de Château-Thierry.

Entre ces deux points, un vide presque complet où sont