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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/909

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brèche. Le soir même, elle est à Prilep, à 70 kilomètres de son point de départ.

Là le général Franchet d’Esperey commandant les forces alliées, lui assigne un nouvel objectif : Uskub, à 80 kilomètres plus au Nord, nœud important de routes et de voies ferrées, base de ravitaillement de l’ennemi et clef du défile de Kalkandelen, seule route de retraite de la XIe armée allemande. Les routes des vallées qui mènent par Brod et Vêles au but, sont défendues par l’ennemi. La cavalerie, laissant notre infanterie y progresser en forces, se jette, par la traver.se, dans la montagne sans route et, après avoir vaincu d’énormes difficultés de parcours, parvient le 28, à la nuit, devant Uskub, sans avoir été éventée. La ville enveloppée et attaquée par surprise le 29 à l’aube est occupée à midi, après de vifs combats. Dans le butin qui y est fait, se trouve un matériel ferroviaire considérable. Mais, surtout, le résultat capital est obtenu : la retraite est coupée à la XIe armée allemande qui capitule, laissant entre nos mains 80 à 90 000 prisonniers. Et pendant près de deux jours, trois modestes régiments français (à peine 1 800 hommes) contiennent ; en attendant l’arrivée d’un détachement de toutes armes, des masses qui leur sont cinquante fois supérieures et qui menacent de les submerger.

Puis, c’est la course vers le Nord, vingt combats victorieux livrés aux arrière-gardes ennemies ; et le Danube atteint, aux Portes de fer, à la fin d’un raid de plus de 500 kilomètres, accompli en un mois, en combattant presque chaque jour, dans une région montagneuse mal percée et dévastée méthodiquement, et cela malgré les fortes chaleurs de la fin de septembre, et les froides pluies d’octobre. Marche magnifique, dans laquelle les exécutants durent souvent évoquer la chevauchée de Murat courant du champ de bataille d’Iéna à l’Oder, pourchassant les débris de l’armée prussienne et les réduisant à merci à Prentziow et à Stettin.

Sur le Danube, comme cent ans plus tôt au bord de la Baltique, la bataille reçoit son complet développement, grâce à la mise en œuvre de la vitesse ; elle ne s’arrête pas à la défaite de l’adversaire ; elle s’achève en bousculant celui-ci et en lui coupant sa retraite ; elle poursuit les dernières forces échappées au coup de filet ; elle va jusqu’à l’anéantissement complet de l’armée ennemie après laquelle le chef vainqueur dicte ses