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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/949

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sans qu’aucune force physique connue intervienne n’est pas le même, n’est pas merveilleux au même degré que l’explication qui voit dans ce soulèvement l’intervention d’un esprit désincarné. Celle-ci est un merveilleux au second degré, si j’ose dire. Je le laisserai complètement de côté ici, je ne m’occuperai pas de l’explication ni des causes des faits merveilleux, mais seulement de leur existence, de leur réalité.

En cela je ne ferai que suivre l’exemple donné par le professeur Charles Richet dans son récent et magistral Traité de Métapsychique [1], où l’illustre physiologiste laisse délibérément de côté l’examen des théories spirites et analogues qu’il juge, non sans raison, avoir été peut-être nuisibles à la promotion de ces choses sur le terrain scientifique.

Cet ouvrage consciencieux et courageux dont la publication constitue un acte de belle audace intellectuelle est certainement l’exposé le plus complet, le plus synthétique et le plus rempli de bonne foi qui ait jamais paru touchant ces difficiles problèmes. Il contient un exposé de faits ; il contient aussi un admirable exposé doctrinal qui concerne, — je le répète, — non pas l’explication des phénomènes, mais leur examen. Sur le premier point, sur les faits eux-mêmes, je dois dire tout de suite que mon vénéré maître n’a point entraîné ma conviction. Je dirai quelque jour pourquoi.

Mais sur le second point, sur ce que j’appellerai, si on veut me le permettre, les principes, les prolégomènes de l’étude du merveilleux, M. Charles Richet, nous le verrons, a apporté les idées les plus hautes et les plus convaincantes, les plus dignes véritablement d’un savant. Si. en vertu même de ces principes, on a le droit de réserver son jugement pour tout ce qui concerne les faits rapportés, on ne peut qu’adhérer complètement à l’attitude mentale qu’il préconise pour aborder les phénomènes métapsychiques.

Voici encore un mot nouveau, une nouvelle appellation. Il n’en manque pas en l’espèce, et si la science n’était, comme on l’a prétendu faussement, qu’une langue bien faite, la science de ces phénomènes serait aujourd’hui fort avancée. Nous verrons qu’il n’en est rien.

Le mot métapsychique (qui signifie au delà des choses psychiques, de même que métaphysique signifie au delà des choses physiques), a été pour la première fois présenté par M. Richet en 1905, dans son adresse présidentielle à la Society for Psychical Research. M. Boirac,

  1. Alcan, éditeur, 1922.