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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/966

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formulées par la Commission des réparations. Au cas où l’emprunt ne se réaliserait pas, le Reich aurait eu ainsi une échappatoire pour éluder les concessions faites à la Commission. Les ministres se rallièrent au projet Hermès ; la démission du Dr Wirth parut un moment imminente ; et la réponse fut envoyée à Paris. Elle est, dans son ensemble, et sauf réserves de détail, satisfaisante puisqu’elle défère, sur les points essentiels, aux vœux de la Commission que nous arons indiqués il y a quinze jours. Le 30 mai, M. Poincaré, président du Conseil, adressait à M. Louis Dubois, en sa qualité de délégué français à la Commission des réparations, une lettre où il précisait ses observations touchant la note du chancelier allemand. Le 31, la Commission envoyait sa réponse au chancelier tout en faisant certaines réserves et en demandant quelques précisions ; elle confirme le sursis provisoire accordé au Reich le 21 mars et le rend valable jusqu’à la fin de l’année. L’Allemagne ne devra donc verser, jusqu’à la fin de 1922, que 720 millions de marks-or en devises étrangères et 1 450 millions en marchandises, au lieu de 2 milliards de marks-or et 26 pour 100 du montant des exportations. Toutefois, « la Commission se réserve expressément le droit d’annuler le sursis : si, à un moment quelconque, elle n’est pas satisfaite des progrès accomplis dans le règlement des questions encore en suspens ; — ou si, au cas où l’Allemagne, n’arrivant pas à obtenir l’aide qu’elle désire au moyen d’un emprunt extérieur, n’exécuterait pas les mesures relatives à la limitation de la dette flottante spécifiées dans la lettre du chancelier du 28 mai 1922, d’autres arrangements donnant satisfaction à la Commission n’interviennent pas pour régler les questions du déficit budgétaire et de la dette flottante. »

Ainsi il devient impossible au Gouvernement du Reich de trouver une clause résolutoire à ses engagements dans le fait que l’emprunt ne pourrait être émis. C’est sans doute dans cette précaution si nécessaire qu’il faut chercher l’une des origines du singulier revirement qui oppose aujourd’hui, au Reichstag, la politique du parti populiste, où dominent les grands industriels, à celle du ministre Hermès. Jusqu’au 30 mai, les populistes semblaient résolus à persister dans leur attitude ; le 31, un revirement se produisait : M. Stinnes et ses amis étaient sans doute informés du texte que nous venons de citer et des tendances de la Commission des banquiers réunie à Paris. Au vote qui eut lieu le 31, les nationalistes allemands, les populistes et les socialistes indépendants se prononcèrent contre le ministère qui ne sauva