Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/967

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’à grand peine son existence. Les populistes reprochent à M. Hermès de n’avoir pas fait du succès de l’emprunt la condition de l’acceptation des conditions de la Commission des réparations. Par un singulier revirement, le ministre des Finances, abandonné par le parti populiste, a été soutenu par les social-démocrates, le Centre et les démocrates, qui jusqu’ici avaient appuyé la politique du chancelier contre celle du docteur Hermès lequel passait pour le porte-parole des intérêts des populistes et de la grande industrie pour les raisons que nous avons indiquées ici. H semble aussi que les industriels allemands aient redouté, autant qu’une nouvelle baisse du mark, une hausse, si légère soit-elle, qui arrêterait net les exportations allemandes déjà très difficiles. La situation financière et économique du Reich est devenue si malaisée, par suite de l’avilissement du mark-papier, qu’il faut nous attendre aux plus grandes difficultés dans l’exécution des engagements pris par le Reich dans la note du 28 mai. Il s’en faut que l’état des esprits nous permette d’augurer plus de bonne volonté et plus de clairvoyance dans l’attitude des Allemands et de leur Gouvernement : le discours du docteur Wirth, le 29, et surtout les incidents graves qui font couler en Silésie du sang polonais, ne permettent de pas s’attendre à un apaisement des esprits.

Il en sera ainsi tant que les résistances du Reich seront, volontairement ou non, encouragées du dehors. A l’heure où nous écrivons, la commission consultative des banquiers n’a pas encore fait connaître à la Commission des réparations ses conclusions ; mais elle a demandé une sorte d’extension de sa compétence et l’a obtenue malgré l’opposition du seul délégué français. On peut craindre, d’après ce que l’on connaît des tendances des différents commissaires, qu’ils n’en profitent pour émettre l’avis qu’un emprunt allemand ne leur paraît avoir chance de succès que s’il est précédé d’une réduction notable de la dette totale de l’Allemagne pour les réparations. Or, M. Poincaré, et tous les Français avec lui, sont résolus à n’accepter aucune nouvelle réduction de la dette allemande, sauf dans le cas où tous les anciens coalisés entreraient d’un commun accord dans la voie de l’annulation des dettes interalliées ; la dette allemande se trouverait ainsi réduite sans que la créance française fût amputée ; elle serait seulement payée, au moins partiellement, par une voie différente. Mais les États-Unis, — et c’est leur droit, — ne paraissent nullement disposés à envisager actuellement une telle opération dont les avantages, à leur point de vue, ne leur apparaissent pas. Une telle réponse, de la