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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/968

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part de la Commission des banquiers, aurait un effet moral déplorable ; elle laisserait croire à l’Allemagne qu’elle a encore des chances d’obtenir une réduction de sa dette. Le rôle de la Commission serait, pour tous, y compris les Allemands, singulièrement plus bienfaisant si elle établissait que les Allemands ne sont pas en état d’obtenir un gros crédit parce que leur mauvaise volonté obstinée à tenir leurs engagements ne saurait inspirer confiance aux préteurs ; elle montrerait la bonne voie si elle cherchait à réaliser un emprunt d’essai, si peu élevé fût-il. Il ne s’agit pas aujourd’hui d’une solution totale du problème des réparations, mais de la recherche d’une méthode. La richesse de l’Allemagne, nous l’avons montré, c’est son travail, et elle est pratiquement inépuisable ; la difficulté est de la mobiliser, et l’on avait espéré, dans l’intérêt général, que la Commission des banquiers en indiquerait les moyens. Que l’Allemagne commence à payer et prouve par là sa volonté d’honnêteté et la confiance que les prêteurs peuvent avoir en sa signature, et elle verra aussitôt son crédit s’améliorer et les gages qu’elle peut offrir prendre une valeur nouvelle. Attendons.

Précisément, dans son discours du 1er juin, d’une dialectique si serrée et d’une si pleine éloquence, M. Poincaré a défini les positions très fortes sur lesquelles la politique française peut défier les attaques téméraires. Depuis qu’il a assumé, dans des circonstances difficiles, le fardeau du pouvoir, M. Poincaré a fait un puissant et heureux effort pour délimiter, préciser, redresser la politique française, étape nécessaire avant l’heure des initiatives directrices ; c’est le résultat de ce formidable travail quotidien que le Président du Conseil, répondant aux critiques de ses adversaires ou aux inquiétudes de ses amis, a exposé devant la Chambre, et dont il a obtenu, à une énorme majorité, l’approbation. Les attaques mêmes de ses ennemis du dedans et du dehors, par leur caractère outrancier et invraisemblable, ont souligné le caractère de la politique de « Poincaré-la-guerre, » toute de sagesse, de prudence, heureuse combinaison du patriotisme le plus pur et le plus éclairé avec un amour raisonné pour l’ordre et la paix. Un tel discours ne se résume pas, puisqu’il est lui-même un tableau synthétique de la situation de la France et de l’Europe ; il faut le lire. Il est à la fois une défense de la politique française et un programme d’action extérieure.

La Haute-Silésie d’abord où des incidents douloureux ont coûté la vie à des soldats français. « La meilleure manière non seulement de défendre, mais de maintenir effectivement la paix est, en Haute-Silésie