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la défaite de la gauche péruvienne et poursuivirent à outrance sur la route de Tebès.

Mais la droite, après avoir cédé un peu de terrain, s’était ressaisie au Morro-Solar et à Chorillos. Baquedano dut reformer sa ligne ; la première division rassembla ses bataillons face au Nord, la seconde venant de San-Juan à l’Ouest, avec une brigade de la 3e division, et le Morro-Solar fut attaqué de deux côtés ; coupé de Chorillos et acculé à la mer, Iglesias dut se rendre après une belle résistance, vers midi.

Chorillos tenait toujours. La réserve péruvienne, mal engagée au début par Suarez, y renforçait la résistance, qui fut acharnée. Cette petite ville de plaisance, où le Lima élégant venait aux bains de mer pendant les chaleurs, avait été sommairement organisée, et chaque quartier fut défendu presque maison par maison. Vers deux heures de l’après-midi, la ville était prise dans l’ensemble, mais quelques centres de résistance ne tombèrent qu’à la nuit, par l’incendie des maisons. Le feu gagna de proche en proche et consuma toute la ville, à la seule exception de trois maisons.

Pierola qui avait son quartier général à Chorillos, s’était transporté à San-Juan dans la matinée, puis était revenu à Chorillos après la perte de San-Juan : vers midi, il se replia sur Miradorès le long de la mer, après avoir laissé des ordres pour la résistance la plus énergique. Sur les vingt ou vingt-deux mille hommes qui avaient combattu dans la première position, dix mille environ étaient hors de combat, dont la moitié tués, deux mille prisonniers, et six mille environ se rallièrent à l’appel du chef suprême sur la seconde position, où l’armée de réserve était établie. Quant à l’armée chilienne, elle accusait 797 tués et 2 512 blessés.

Dans la matinée du 14, le général Baquedano envoya au chef suprême Pierola un parlementaire, accompagné du colonel Iglesias, ancien ministre de la Guerre, fait prisonnier la veille. Il rendait hommage à la vaillance de ses ennemis, attirait l’attention de Pierola sur le danger de continuer les hostilités aussi près de Lima, et l’invitait à envoyer au camp du vainqueur des plénipotentiaires, pour y traiter de la paix. Pierola, qui visitait alors ses avant-postes, fit répondre au parlementaire qu’il désirait la paix, qu’il attendait dans son camp les plénipotentiaires chiliens. Une question de protocole semblait