Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 13.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

arrêter les négociations. Mais après avoir conféré avec lui, les représentants des Puissances étrangères à Lima se décidèrent à intervenir ; le général Baquedano reçut les ministres de France, d’Angleterre et de San Salvador le 14 au matin ; ils lui demandèrent de garantir les intérêts des sujets étrangers en danger à Lima, et en arrivèrent forcément à envisager la cessation des hostilités. Le général Baquedano déclina toute médiation qui aurait pu avoir un caractère d’arbitrage, et spécifia qu’avant l’ouverture des pourparlers entre les belligérants la place du Callao devait lui être remise sans conditions. Pour donner le temps à Pierola d’examiner cette proposition, il consentit à une suspension d’armes qui devait se terminer à minuit. Les hostilités devaient cesser, mais les mouvements de troupes pouvaient continuer à l’intérieur de la ligne formée par les grandes gardes.

Les 2 000 hommes qui formaient la garnison du Callao vinrent renforcer l’armée de Pierola, qu’avaient rejointe dans la nuit quelques contingents indiens. Les troupes régulières tenaient la droite et le centre de la ligne, l’armée de réserve la gauche.

Du côté chilien, la 3e division, commandée par le colonel Lagos, se formait dans la plaine en face de Miraflorès, près de la mer : c’était celle qui avait le moins souffert dans la bataille du 13 janvier et à elle était réservé le plus rude effort. Ce mouvement, et peut-être une reconnaissance que le général Baquedano exécutait dans sa première ligne, fit croire aux Péruviens qu’ils étaient attaqués, et que la suspension d’armes était rompue. Ils ouvrirent le feu, qui s’étendit rapidement sur toute la ligne, dans les deux camps. Après s’être réciproquement accusés de trahison, les deux partis sont maintenant d’accord pour admettre que la reprise du combat a été purement accidentelle, causée par un malentendu.

La droite péruvienne, sous Cacerès, était appuyée à un ouvrage assez important, qui s’élevait sur la côte ; mais l’escadre chilienne le contrebattait et démonta rapidement les deux canons lourds qui formaient son armement ; vers la gauche, les bataillons d’étudiants et de commerçants sortirent résolument des tranchées et menacèrent d’enveloppement la droite chilienne : une charge opportune de la cavalerie permit de contenir cette avance jusqu’à l’arrivée de la réserve, puis successivement des brigades de la 1re division Lynch. Le combat était rétabli vers 2 heures 30.