Et ton doré carquois, de flèches espuisé,
Nous faisoit désormais moins de mal que de crainte.
Si l’on monstroit d’aimer, ce n’estoit que par feinte,
Pour tromper seulement quelque esprit peu rusé ;
Car tu n’avois un trait qui ne fût tout brisé,
Ny cordage qui pût rendre une âme contrainte.
Par ces vers seulement tu as repris naissance ;
Ils t’ont armé de traits, d’attraits et de puissance,
Et te font derechef triompher des vainqueurs.
Et d’autant plus, Amour, surpassent-ils ta gloire,
Que tu n’acquiers sans eux une seule victoire,
Et qu’ils peuvent sans toy captiver mille cœurs.
M. D. L.
Les initiales et la devise que nous venons de lire sont très claires. Mais les signatures : C. M., puis : C. M. D. L., que l’on trouve dans les premières éditions de Desportes, le sont moins. Que représente, en tête du nomade Madeleine de L’Aubespine, cette lettre C ? L’initiale de quelque pseudonyme ? Celle de Callianthe, la mystérieuse poétesse que, dans ses Meslanges, Desportes comparait à Sapho ?
Telles étaient les questions que je me posais, lorsque deux sonnets anonymes du temps de Charles IX qui voisinent à la bibliothèque de l’Arsenal dans les précieux recueils manuscrits de Conrart, vinrent me tirer d’incertitude en rapprochant à nouveau devant mes yeux les noms de Callianthe et de L’Aubespine. Le premier est intitulé : « Pour une devise de L’Aubespine ; Pungit placetque ; » le second : « Response à un sonnet de Callyanthe. »
Ceci établi, voyons en quels termes Desportes nous parle de Mme de Villeroy et de son œuvre poétique :
Mirtis, Corinne et la Muse de Grèce,
Sappho qu’Amour fit si haut soupirer,
Tous leurs escrits n’oseroient comparer
À ces beaux vers qu’a chantés ma maistresse.