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pouvait-il déclarer en toute sincérité à notre ambassadeur, le comte de Gontaut-Biron :

— Désormais, vous pouvez être parfaitement tranquille. L’Empereur m’a affirmé son très grand éloignement pour la guerre et sa volonté de maintenir la paix.

Instruit de ces paroles réconfortantes, notre ministre des Affaires étrangères, le duc Decazes, résumait exactement leur signification, lorsqu’il écrivait à Gontaut-Biron : « Nous avons échappé à un terrible danger. On allait nous placer entre l’invasion ou le désarmement. Il nous fallait un appui extérieur. Y pouvions-nous compter ? La vieille Europe s’est enfin réveillée ! »

Heureux de ce beau succès politique, heureux surtout d’avoir sauvegardé la paix du monde, Alexandre II reprit le chemin de Saint-Pétersbourg. Il y retrouva le printemps, qui a de si merveilleuses douceurs dans la Russie septentrionale.

Tsarskoïé-Sélo revit le couple des amants errer parmi les verdures, les bassins et les marbres où jadis Élisabeth et Catherine II avaient, elles aussi, promené leurs amours.

Le mois de juin allait finir, quand la princesse Dolgorouky commença une nouvelle grossesse, la troisième en moins de quatre ans. Le 23 mars 1876, elle accoucha d’un fils, baptisé Boris, qui succomba, quelques jours plus tard, à une maladie infantile.


MAURICE PALÉOLOGUE.