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Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 13.djvu/321

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Casablanca, en août 1907.

« Les derniers événements de cette place ont été très déformés dans la presse, par suite de fausses nouvelles françaises.

« Le meurtre du docteur Mauchamps perpétré en mars dernier provoqua une grande agitation du côté français, bien que ce soit par la faute du docteur que la populace s’est précipitée sur lui.

« L’établissement de la T. S. F. excita de la part des Arabes, contre tout ce qui était français, une haine qui s’accrut lorsque commencèrent les travaux du port, suivis de l’établissement d’un petit chemin de fer Decauville pour le transport des matériaux.

« Les Arabes eurent l’impression croissante qu’on voulait leur prendre leur pays...

« Si le Sultan, s’éveillant de sa léthargie, était brusquement sorti de Fez pour montrer qu’il est encore le maître du pays, la suite des événements eût pris une autre tournure...

« Le matin du 30 juillet, un shérif fanatique parcourait les rues, prêchant la guerre sainte, et, l’après-midi du même jour, la populace se précipita sur la locomotive qui fonctionnait sur la grève et assomma neuf des ouvriers du port.

« Si des Français ne s’étaient pas installés au Maroc, tout cela ne serait pas arrivé...

« Le débarquement qui a suivi ce meurtre a causé un dommage considérable au commerce allemand en ravageant nos biens, et aucun de nous n’a perdu confiance dans les paroles de notre Empereur qui, lors de sa visite à Tanger, nous promit pleine sécurité et protection de nos intérêts et qui, tourné vers la nombreuse colonie allemande, réunie expressément à Tanger, ajouta : « Casablanca entendra encore parler de moi. »

«... Nous espérons que notre patrie allemande ne laissera pas ses fils en plant. »

Le rédacteur de ce manifeste était conscient de ses mensonges, car il ajoutait cette phrase textuelle qui le trahit :

« On est ici sous l’impression que la Légation allemande à Tanger croit plutôt les rapports tendancieux de la Légation française que les faits rapportés par des Allemands. »

Nul n’ignore le rôle singulièrement louche du docteur Holzmann,