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de la marchandise de première qualité, ainsi que nous venons d’en expédier 3 000 000 de même qualité, dans l’Est.

« J’attends vos nouvelles avec plaisir et signe... »


Quel est donc ce gros client de l’Est ? (De l’Est de l’Allemagne, s’entend.) La quatrième lettre va nous le dire :


A Gründler, à Mazagan.


Berlin, 15 mars 1906.

« Le pistolet à répétition est enfin parti pour Hambourg ; la fabrique les livre tous en Russie aux révolutionnaires et elle a cessé toutes autres livraisons. »


Avions-nous tort de dire que ces deux dernières lettres feraient rêver le lecteur ?

L’introduction de fusils, de mitrailleuses, de canons et de munitions en masse ne suffisait pas aux Allemands. Ils tentèrent de perfectionner les moyens de résistance des indigènes dissidents ; voici une lettre qui montre jusqu’où ils poussaient le raffinement :


Saffi, le 17 mars 1906.

« Cher monsieur Gründler,

« Le matériel de télégraphie optique est arrivé par le dernier bateau, mais la douane d’ici ne l’a pas laissé passer. »


On voit que nous avions en réalité fort à faire. Mais rien ne faisant fléchir le courage tranquille de nos représentants et de nos troupes, la lutte prit une autre tournure. On entama une campagne de calomnies dans les journaux d’outre-Rhin et d’ailleurs : on dénonça de prétendues atrocités commises à Casablanca par les troupes françaises de débarquement ; on laissa entendre que les Européens eux-mêmes, et notamment les Allemands, avaient été molestés dans leurs personnes et dans leurs biens. Cette campagne eut même son écho dans une partie de la presse française.

Le chef de l’organisation, Ficke, adressa alors un appel vibrant des Allemands du Maroc à la patrie allemande, appel qui fut répandu à des milliers d’exemplaires. Voici quelques passages de cette longue élucubration :