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démarches contre le Consul [1]. Entre temps, il a déjà été rappelé. M. B... aurait dû fournir plus de témoins. Aussitôt que la situation s’éclaircira, il devra retourner à Fez et ces Messieurs de Marrakech à leur poste d’action.

« Le consul Luderitz se rend directement à Marseille le 21 courant ; il logera dans la maison de Toël. Son rappel si précipité montre que maintenant l’on éprouve plus d’intérêt pour le Maroc qu’auparavant, du côté du Gouvernement. Si seulement l’on voulait un peu faire de bruit avec le sabre, si peu que cela soit, ils s’engageraient immédiatement dans d’autres voies, car il règne en France une peur terrible d’une guerre contre l’Allemagne, chacun le dit. »


Lettre de C. Fiche.


4 décembre 1908.

« J’ai été aujourd’hui au Consulat sur le désir du Consul, lequel m’a communiqué sous le sceau du secret qu’il s’était formé à Berlin un syndicat composé de cinq grandes Sociétés et Banques connues, qui se mettrait en rapport avec nous au Maroc, et en particulier avec les maisons Brandt et Toël, C. Ficke, W... et M... C’est tout ce qu’il sait et tout ce qu’il devait nous communiquer, et encore à la condition de se taire, car on ne veut pas attirer l’attention de la France.

« Mon opinion est que ceci est l’œuvre de notre Empereur... »


Au moyen du nouveau fonds de secours, et fort de l’appui du Gouvernement allemand et de l’Empereur, le Service secret allait bientôt mettre en œuvre une machination nouvelle, celle des déserteurs. On verra avec quelle impatience haineuse et fébrile les Allemands désiraient la guerre, et comment ils tentaient de nous y pousser par mille traquenards, par mille nouvelles mensongères : tout était prévu, y compris le massacre en masse de tous les Français du Maroc. On verra que nous ne nous sommes pas laissé intimider et qu’heureusement pour nous, l’Allemand, gaffeur, passa la mesure au point que nos nationaux outrés et se sentant couverts par l’opinion universelle,

  1. Schlieben.