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n’hésitèrent pas à se servir des grands moyens et se défendirent contre l’agent consulaire allemand. Enfin, on verra sur quel pied d’intimité les Allemands vivaient avec Moulay-Hafid.

La seule lecture des documents suffit ; ils montrent la nature des sentiments de l’Allemagne, qui, surprise et furieuse de notre relèvement de la défaite de 1870, accumulait les circonstances propices au déchaînement d’une nouvelle guerre.


E. Tœnniès à C. Fiche.


Casablanca, 13 janvier 1908.

« La situation politique de votre pays me montre que les Marocains ont réellement le courage de résister aux Français Je crois que cela ne va pas devenir plus mauvais pour nous Allemands, mais meilleur.

« M. R... provoqua de la part de la Chambre de commerce une réunion des intéressés, et celle-ci eut lieu précisément le jour où Moulay-Hafid fut proclamé sultan dans la mosquée de Fez... Mais les circonstances ont devancé là-bas nos conclusions, et d’après la situation actuelle, nous n’avons plus besoin de faire intervenir le Gouvernement, car les Marocains s’entendent à défendre eux-mêmes leurs droits. »


Voici qui montre combien étroites étaient les relations du Service secret allemand avec les indigènes dissidents :


C. Fiche... à C. Fiche, Mazagan [1].


Casablanca, 16 janvier 1908.

Politique : « A l’instant j’ai eu un messager de Si-Aïdi, agent de mon frère dans les Ouled Harriz, qui, il est vrai, ne travaille presque qu’avec moi. Celui-ci annonce que les Français seraient à Settat et qu’il y a eu en route différents combats jusqu’à ce qu’ils y arrivent. Les Ouled-Ider et Idor sont tous chassés et en partie tombés. Notre Schich-Ben-Amor et son frère Si-El-Mati ont voulu servir d’otages, mais ils n’ont pas été acceptés et se trouveraient maintenant prisonniers des Français.

  1. Grûndler et Nehrkorn signaient souvent : C. Ficke.