Ah ! la vie encore, peut-être,
Nous donnera de vifs plaisirs !
Ce ne sera plus ces désirs
Qui s’assouvissent rien qu’à naître ;
Ce ne sera plus cette foi
Dans un destin vague et sublime ;
Ce ne sera plus cette cime
Où chacun est plus beau que soi !
« Antoine, gouverneur de mon jardin d’Auteuil,
Qui diriges chez moi l’if et le chèvrefeuil. »
Il me plaît fort d’imaginer
Que c’est la maison de Boileau,
Ce pavillon non loin de l’eau
Au toit que l’on voit s’incliner,
Avec son ardoise en biseau
Bleue ainsi qu’une aile d’oiseau.
Despréaux, le censeur sévère,
Traitait, brave homme, en familier
Antoine, le vieux jardinier.
Parfois on ouvrait le cellier
Et tous deux on buvait un verre
En parlant des choses à faire,
Des houx qu’on ne pouvait nier
Qu’il serait temps d’écheniller.
Puis, laissant les livres moroses
Et quittant son ample fauteuil,
Boileau cueillait deux ou trois roses
Et les sentait, avec des pauses
Où sonnaient les cloches d’Auteuil.
Ce n’étaient pas ces fleurs charnues
Que nous cultivons aujourd’hui,
Mais des fleurs simples, comme nues,
Des églantines parvenues,
Comme en tiennent avec ennui