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asiles de vieillards, orphelinats, crèches d’enfants trouvés, où le zèle infatigable de nos religieux et de nos religieuses ne cesse de s’exercer pour le plus grand bien de la population péruvienne et de la renommée française.

Je visite les corps de troupes dans leurs casernes et je m’initie à la vie militaire dans les détails. L’Ecole de Guerre me montre l’excellent enseignement, à la fois suffisamment élevé et très pratique, qu’y donnent nos officiers.

Le monde péruvien s’ouvre à nous avec autant de cordialité, mais moins d’apparat, que pendant les fêtes du Centenaire. Dans ces réceptions plus intimes, les Péruviennes, à la beauté de leurs traits et à la splendeur nacrée de leur teint, ajoutent le charme de la grâce et du naturel. Nous comprenons mieux cette société aimable, policée, qui, malgré ses divisions politiques, reste toute à la douceur de vivre. Tous les ambassadeurs sont partis, mais les ministres résidents sont à leur poste, et entre eux et nous s’établissent des relations plus simples et plus intimes. C’est ainsi que nous reçoit la mission navale américaine, avec le commandant et mistress Freyer.

Mais le moment du départ se rapproche. Je vais le 17 faire mes adieux au Ministre de la Guerre, l’excellent M. Luna Iglesias, et le 18 je prends congé du Président de la République dans une audience qu’il veut bien prolonger pendant une grande heure, en m’interrogeant longuement sur l’impression que j’emporte de son pays et de l’armée péruvienne. Le même jour, à minuit, nous nous rembarquons au Callao. Au Nord et au Sud de ce port, les côtes méridionales du Pérou ont le même caractère d’une sévérité qui va jusqu’à la tristesse. Nous les longeons d’assez près pour voir pourtant la verdure qui entoure quelques ports, où aboutissent les rivières qui forment dans la Costa comme de longues oasis.


Mollendo est aussi une oasis, mais une oasis artificielle où l’eau est amenée par une conduite longue de 170 kilomètres. Les falaises à pic qui dominent la côte portent un replat assez étroit, d’où s’élèvent des collines rocheuses absolument dénudées, où l’on voit, par places, de larges taches blanches : c’est le guano produit par les myriades d’oiseaux qui couvrent la mer, Puis les nuages s’étendent, gris, épais et tristes.

Le Jules Michelet mouille à deux milles de la côte, et nous