Dans le cours de l’année 1876, un grand souffle de nationalisme traversa la Russie. Toute la péninsule balkanique était à feu et à sang. Du Danube à la mer Egée, les Bulgares, les Bosniaques, les Monténégrins et les Serbes luttaient désespérément pour secouer le joug turc.
A la voix éloquente d’Aksakow, de Samarine, de Katkow, de Tioutchew, les rêves du panslavisme orthodoxe hallucinèrent de nouveau la conscience russe. Dans l’atmosphère capiteuse du Kremlin moscovite, les cerveaux s’excitaient sur Byzance, la Corne d’or, Sainte-Sophie, le testament de Pierre le Grand, la mission providentielle du peuple russe. On se répétait les paroles d’Aksakow : « L’histoire de la Russie a la valeur d’une histoire sainte ; elle doit être lue comme une hagiographie. »
Ce fut bientôt dans toutes les classes de la société, depuis les nobles jusqu’aux moujiks, depuis les intellectuels jusqu’aux marchands, une exaltation délirante du mysticisme national.
Très rares étaient ceux qui résistaient à la contagion ; plus rares encore ceux qui osaient y résister ouvertement. L’un