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Renan [1] nous introduisait dans le docte ménage d’un professeur hollandais, et il rappelait à cette occasion les femmes célèbres qui, en Italie, depuis la renaissance des lettres jusqu’à des temps très rapprochés de nous, avaient occupé des chaires savantes, des chaires de droit, de mathématiques, de grec. »

C’est à cet article que répond la lettre suivante de Renan :


Paris, 8 mars 1854.

Monsieur,

Je croirais manquer à un devoir si je ne vous témoignais ma reconnaissance pour la mention si flatteuse que vous avez bien voulu m’accorder dans votre charmant article de lundi dernier. J’y suis d’autant plus sensible qu’il n’est personne au monde dont j’aie plus vivement désiré l’approbation, et dont le jugement ait pour moi plus de prix. Sans doute, monsieur, je sais faire dans les paroles beaucoup trop indulgentes que vous avez employées à mon égard la part de cette indulgence que j’ai toujours été si heureux de trouver en vous pour moi, mais cette bienveillance même est pour moi d’un prix infini, et je regarde comme un des plus heureux événements de ma vie littéraire, l’expression publique qu’il vous a plu d’y donner. La conscience de ce que je dois à la lecture de vos écrits est chez moi si profonde que rien ne pourrait égaler à mes yeux le bonheur de me voir avoué par celui à qui je dois la plus grande partie du peu de bien qui est en moi.

Je me permets de joindre à ces remerciements un essai que j’ai donné récemment à la Revue [2], en vous priant de l’agréer, monsieur, comme un témoignage des sentiments de reconnaissance et d’admiration avec lesquels je suis

Votre tout dévoué serviteur

E. RENAN.


Paris, 26 septembre 1857.

Monsieur et illustre maître,

Je dois à la bienveillance que vous m’avez toujours témoignée de vous faire part tout d’abord d’une pensée que l’on m’a

  1. Article du Journal des Débats, 22 février 1854 (Note de Sainte-Beuve).
  2. Il doit s’agir sans doute de l’article célèbre intitulé : De la poésie des races celtiques, qui avait paru dans la Revue du 1er février 1854.