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avec élégance, où l’on voulait et où l’on savait plaire, où l’amour même le plus vrai et le plus profond avait de l’esprit.

Cette Correspondance est un roman honnête, chose rare, un roman authentique et délicieux. Le dialogue se prolonge dix ans, quinze ans, sans que la lassitude vienne ni pour lui, ni pour elle, ni pour nous qui les écoutons. Toujours même joli ton, toujours des pensées délicates mêlées aux paroles de tendresse, du badinage, de la grâce, de la mélancolie parfois, mais si discrète ! la distinction native, la race ; deux amants devenus époux qui jusque dans l’intimité restent de parfaitement bonne compagnie ; des aristocrates, des « ci-devant ; » ce qui ne se verra plus jamais.


Il y a peu de vivants avec qui j’aie autant conversé qu’avec Pascal et Jean-Jacques ; peu de vivantes qui me soient aussi chères que Mme de La Fayette ou Mme de Sabran.


Le grand public ne sait pas retrouver le passé dans les écrits ou les monuments du passé ; il faut que quelqu’un les lui commente et fasse pour lui le travail d’évocation : il lui faut un médium. De là le roman historique et le drame historique, deux genres faux, mais qui plaisent.


Opéras de Lully ; phrase du prologue d’Alceste qui obsédait Mme de Sévigné :


Le héros que j’attends ne reviendra-t-il pas ?


rythmes sautillants des sarabandes, des gigues et des chaconnes ; lentes cadences des allemandes et des menuets ; pièces de clavecin, « airs à chanter » de Lully, de Chambonnière ou des Couperin ; rigodon de Dardanus ; ballets de Gluck ; fraîche musique de Monsigny et de Grétry ; tendres romances :


Pauvre Jacques, quand j’étais près de toi...
Plaisir d’amour ne dure qu’un moment...
S’il est ici, dans ce village...
L’Amour est un enfant trompeur...
N’oubliez pas votre houlette...