et puis relire l’exquis Abrégé de Racine et les Mémoires de Lancelot.
Nulle part ne se sont rencontrés des cœurs plus purs et des âmes plus fortes ; nulle part la vie monastique n’a été aussi mêlée de pensée ; nulle part elle n’a été plus imprégnée de poésie.
Bien des hommes de ma génération, j’imagine, ont dit comme H. et moi : « Ah ! si Port-Royal existait encore et qu’on voulût bien nous y recevoir !... »
Une sérieuse objection à opposer aux incrédules, à nous opposer à nous-mêmes quand nous souffrons trop de douter : Pascal a cru, et de celui-là qui dira que c’était un ignorantin ?
« Ils ne peuvent plus nous dire, s’écriait le vieux Bayle après avoir lu la Vie de Pascal par Mme Périer, qu’il n’y a que les petits esprits qui aient de la piété ; car on nous en fait voir de là mieux poussée dans l’un des plus grands géomètres, des plus subtils métaphysiciens et des plus pénétrants esprits qui aient jamais été au monde. »
Aujourd’hui, les historiens renchérissent encore sur l’hommage rendu par Bayle à Pascal, ils voient en lui un des principaux fondateurs de la science moderne.
Et Pascal a cru, comme croyait aussi Pasteur.
Sur certains points, à vrai dire (exégèse, miracles), l’auteur des Pensées semble bien s’être trompé. Il n’a pu prévoir les révélations de la critique historique et de la physiologie ; il n’a pu résoudre des problèmes qui ne se posaient pas de son temps, et auxquels Renan s’est heurté.
Reste toujours son analyse de notre être et des contradictions qui sont en nous, de notre « grandeur » et de notre « misère ; » reste son propre exemple, la poignante beauté de sa vie et de sa mort. C’est assez.
RENE DE LA PAGERIE.