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à l’évidence. C’est un membre de son Conseil économique du travail, M. Max Hoschiller, qui a porté les témoignages les plus accablants contre les résultats qu’ont donnés en Russie le contrôle ouvrier et le régime des Conseils. Mais au lieu de convenir que ces résultats étaient forcés, on veut expliquer l’échec des communistes russes par leur défaut de préparation au régime nouveau : ils n’avaient pas soupçonné l’immensité de la réforme économique qu’ils essayaient ainsi. Pour épargner une pareille mésaventure aux ouvriers français, il faut les éduquer, leur faire connaître les méthodes et les organismes qui devront, après la révolution, assurer la production. Ils saisiront donc toutes les occasions d’étudier les rouages de la société, afin d’en pénétrer le mécanisme pour être en mesure de le manœuvrer eux-mêmes.

La crise économique qui sévit si durement à la fin de 1920 est une de ces occasions. Le Comité national de la Fédération des ouvriers en métaux en profite pour adresser à l’Union des industries métallurgiques et minières une longue lettre dans laquelle il mélange les questions de chômage, de salaires, de durée du travail, pour conclure à la nécessité d’enlever aux employeurs leur privilège exclusif et établir le contrôle ouvrier sur l’industrie.

Cette manifestation était d’ailleurs le résultat d’un plan d’action établi par la C. G. T., ainsi que l’a déclaré M. A. Merrheim, qui s’est défendu d’avoir cédé à un entraînement. Il a rappelé à cette occasion la résolution du Congrès fédéral de Lyon en 1919, par laquelle les ouvriers demandaient « la reconnaissance totale des droits du travail. » La circulaire adressée aux syndicats à l’occasion du 1er mai 1921 précisait ainsi : « Résolus à travailler et à produire, condition inexorable de tout mieux-être généralisé, les travailleurs, par leur démonstration de vingt-quatre heures, signifieront qu’ils exigent des droits plus réels, des pouvoirs de contrôle et de gestion plus effectifs, des conditions générales plus équitables et plus dignes. »

Quel était donc le programme proposé par la Fédération des métaux à l’Union des industries métallurgiques et minières ?

L’organisation patronale devra reconnaître des commissions d’atelier ou d’usine désignées avec toute l’indépendance désirable par le personnel syndiqué, seul responsable devant l’organisation dont il relève. Elles auront les pouvoirs suffisants pour contrôler le respect de toutes les lois de protection ouvrière,