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proposent si volontiers en modèle au reste du monde, font beaucoup de volume de leurs expériences sociales ou autres. L’idée de M. Roesler était de développer sa maison en invitant tout le personnel à en prendre à cœur les intérêts et le succès commercial. Dans chaque atelier, les ouvriers âgés d’au moins vingt et un ans élisent de trois à cinq conseillers d’atelier parmi leurs camarades âgés d’au moins vingt-quatre ans, irréprochables, au service de la maison depuis un an au moins. Les élus doivent être approuvés par le directeur, de même que le président du Conseil d’atelier.

Il existe au-dessus un Conseil central, composé de membres élus tous les ans, à raison d’un membre par cent ouvriers.

Ces conseils, de concert avec la direction, élaborent les règlements, nuls sans leur assentiment. Ils jugent les conflits entre ouvriers et contremaîtres et sont appelés à prononcer les pénalités contre les ouvriers délinquants. Enfin, ils approuvent le bilan de fin d’année et fixent la part des employés et ouvriers au bénéfice.

M. Roesler n’a jamais eu qu’à se louer des Conseils pour le maintien de la paix sociale. A plusieurs reprises, le Conseil central a même décidé qu’aucun ouvrier ne pourrait donner son nom au syndicat socialiste des ouvriers en céramique d’art, incompatible avec l’organisation et les principes de l’usine. Un des avantages reconnus au système est d’initier le personnel aux difficultés de l’entreprise et de lui enlever ses préjugés sur les bénéfices extraordinaires du patron. Il faut d’ailleurs à celui-ci beaucoup de patience pour dissiper toutes les préventions des ouvriers et gagner leur confiance à force d’équité, de loyauté et de bienveillance.


CONTRÔLE OUVRIER OU COLLABORATION OUVRIÈRE ?

Mais ce que demandent les partis révolutionnaires dans tous les pays, ce ne sont pas de simples Conseils collaborant avec la direction des usines au règlement des questions qui sont de la compétence et de l’intérêt immédiat des ouvriers. Ils veulent le « contrôle ouvrier. » Voici comment le définit le dernier manifeste du Comité central des comités syndicalistes révolutionnaires.


Le contrôle ouvrier doit aboutir à la gestion des entreprises par les travailleurs.