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Dans l’atelier, l’organe du contrôle doit permettre de constituer la cellule primaire de la nouvelle organisation de la production. Il devra donc en premier lieu être constitué pour permettre à la classe ouvrière de faire son éducation de gestionnaire.

Les objectifs immédiats à atteindre par le contrôle ouvrier doivent être d’intéresser l’ouvrier au contrôle en lui faisant éprouver un intérêt à revendiquer cette institution... L’installation du contrôle permettra donc, non seulement de revendiquer un salaire normal, mais d’acquérir la capacité de gestion.


Comment s’effectuera ce contrôle ? Dans le cas du contrôle général s’appliquant à toutes les fabrications de l’atelier, l’ouvrier qui en sera chargé devra suivre toutes les opérations dans l’atelier, techniques et administratives. Cela lui sera extrêmement difficile.


Au contraire, si le contrôle est fait par fabrication, il peut être institué par atelier plusieurs contrôleurs qui, tout en effectuant leur travail, pourront suivre la marche des opérations d’un atelier à l’autre, en liaison avec des contrôleurs de la même fabrication dans les ateliers voisins.

Il suffira que les contrôleurs aient connaissance de la distribution du travail dans l’atelier (c’est-à-dire qu’ils soient aidés par les employés chargés de la comptabilité de l’atelier).

Et c’est ici qu’apparait toute la valeur économique du contrôle par fabrication. Il permettra facilement de connaître le prix de revient de la fabrication, clef de la forteresse patronale. Possesseurs du prix dp revient, les travailleurs auront en main les données du problème des prix. Ils sauront exactement de quelle façon leur travail est « exploité. »


Le projet prévoit en conséquence la création d’un contrôle en plusieurs échelons, depuis les délégués d’atelier jusqu’à un comité général de contrôle, composé de quatre à seize membres que le syndicat désignerait sur une liste élue par l’assemblée des ouvriers, des employés et des techniciens de l’entreprise.

Tel est ce programme, dont l’exécution, d’après ses auteurs, permettrait aux ouvriers de mettre la main sur l’ensemble de la production. Les comités sont conçus comme étant « la direction en puissance des entreprises. » Reliés entre eux, ils seront les organes d’exécution de la future direction générale de l’économie nationale. Et nous aurons en France une seconde édition de la révolution bolchevique. Mais les comités syndicalistes révolutionnaires