- Gymnase : Les Vignes du Seigneur, comédie en trois actes de MM. Robert de Flers et Francis de Croisset. — Vaudeville : La Couturière de Lunéville, pièce en quatre actes de M. Alfred Savoir.
MM. Robert de Flers et Francis de Croisset tiennent un franc succès. Les Vignes du Seigneur, que, pour ma part, je préfère au Retour, dont on n’a pas oublié l’éclatante carrière, offrent l’exemple d’une de ces complètes réussites qui font au théâtre les succès immédiats et durables. Ce sont trois actes pleins de belle humeur, de fantaisie, d’esprit parisien, et qui valent encore par la supériorité de l’agencement et l’impeccable habileté de l’exécution. Des personnages d’une drôlerie irrésistible, des mots qui éclatent en fusées, une verve qui vous entraîne, un mouvement qui vous emporte. Avis à ceux que hantent les soucis ou que guette le spleen.
Nous sommes dans un de ces milieux qui confinent à la bourgeoisie, voisinent avec le monde, et restent en marge. Cette classe incertaine s’appelait, au temps jadis, le demi-monde. Elle a, depuis lors, souvent changé de nom ; mais elle n’a pas changé de programme. De toutes ses forces elle aspire au mariage. Le mariage ! C’est pour elle la terre promise où, même aujourd’hui, elle n’entre que par surprise. Mme Bourgeon, qui a deux filles, n’a jamais été mariée. Son aînée, Gisèle, ne l’est pas davantage, quoiqu’elle vive depuis sept ans avec le comte Hubert Martin. Aussi cette bonne mère met-elle une légitime ardeur à tirer pour sa cadette, Yvonne, les plans d’un mariage, qui serait un vrai mariage. Yvonne arrive aujourd’hui même d’Angleterre, où elle a été parfaitement élevée. La voici qui a fait le voyage, comme le fait, en l’an de grâce 1923, une jeune fille à la page : en avion. Elle a eu pour compagnon de vol un jeune anglais, Jack, son camarade de tennis et de golf, très bon, très fort, très sport. Et tous deux à bord se sont pris de querelle avec un passager que