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Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 13.djvu/949

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recrudescences de zèle. Mais l’impression générale est que la détente va s’accentuer et se généraliser et que bientôt l’inefficacité de la résistance apparaîtra.

A ces mesures de combat, quelles parades et quelles initiatives les Alliés ont-ils opposées ? Les premières tentatives de la mission de contrôle dirigée par M. Coste : accords amiables, ordres écrits, réquisitions, ne donnent pas de résultats ; il devient bien vite évident que le détournement des trains de charbon et des péniches n’est pratiquement réalisable qu’à la condition de disposer d’un personnel nombreux et expérimenté ; des équipes de cheminots français sont dirigées vers les pays rhénans et la phase d’organisation des transports commence. L’armée, qui n’avait tout d’abord qu’un rôle de protection, est amenée à une intervention plus directe : répression des sabotages, occupation des gares et des nœuds de voies ferrées, enfin et surtout encerclement du bassin de la Ruhr. Les Gouvernements alliés ne peuvent assumer eux-mêmes l’exploitation des mines et des usines du bassin ; mais ils peuvent tenir toutes les issues, fermer les voies par où le charbon s’écoule vers l’Allemagne et détourner les transports vers l’Occident, contrôler l’entrée et la sortie des matières premières et des produits fabriqués. Il s’agit, par là, de peser sur la vie de l’Allemagne et sur les décisions du Gouvernement. L’Allemagne dispose, à en croire ses journaux, de stocks importants de charbon et elle cherche à en acheter ; mais déjà la fermeture de la Ruhr l’oblige à restreindre la circulation des trains. Elle en a profité pour arrêter les express internationaux Paris, Prague et Orient-express ; le Gouvernement français a immédiatement répondu en faisant occuper, par les troupes de la tête de pont de Kehl, les gares d’Offenbourg et d’Appenweier ; le trafic de la ligne de Carlsruhe en Suisse restera interrompu tant que le passage des trains internationaux ne sera pas assuré. Cette riposte prompte et efficace a naturellement soulevé dans la presse de nouvelles tempêtes. Ainsi, l’action des Gouvernements continentaux a pris une ampleur et une importance qu’ils n’avaient pas cherchées, mais dont ils comprennent pleinement la décisive importance ; c’est toute la politique allemande qui est enjeu et toute la nôtre ; c’est une nouvelle bataille sur un nouveau terrain ; nous la gagnerons comme l’autre, mais il y faut de la patience ; de la ténacité et cet esprit d’organisation, que l’on nous dénie parfois, mais dont, pendant la guerre, nous avons donné tant de preuves éclatantes. Dans cette lutte que le Gouvernement de Berlin, sous la pression des grands industriels,