nation : elle se croit tenue, par ses doctrines politiques et économiques, de blâmer l’action de la France, de la Belgique et de l’Italie et de se séparer d’elles, mais elle s’alarme de les voir agir seules, elle se demande si elle ne va pas se trouver isolée ; elle ressemble, révérence parler, à la poule qui a couvé des canards et qui, inquiète de les voir s’aventurer sur l’eau, pousse sur la rive des gloussements éperdus sans oser se risquer sur l’onde. M. H. Wickam Steed, dans un article de la Nineteenth Century, se demande, avec sa pénétration coutumière, et non sans une pointe d’inquiétude, ce qu’il adviendrait de l’entente franco-britannique, qu’il regarde comme le fondement nécessaire de la paix, si l’action de la France dans la Ruhr avait pour conséquence un accord économique entre la France et l’Allemagne, où l’Angleterre ne serait pas partie et qui, par la force des choses, pourrait se trouver en quelque mesure dirigé contre elle. La réponse nous parait bien simple : l’Angleterre ne sera fondée à participer aux avantages que si elle participe aux risques ; nous l’attendons.
Un mouvement se dessine aux États-Unis, sous l’empire de préoccupations du même ordre, en faveur d’une médiation américaine entre la France et l’Allemagne ; le sénateur Borah a déposé le 30 janvier une motion invitant le Gouvernement à convoquer une conférence économique internationale. La cause de la France a été éloquemment défendue par le sénateur Reed, de Pensylvania, le seul membre du Sénat qui ait combattu en France et mérité la croix de guerre ; il prononça une justification et un éloge de la politique française qui ont fait une forte impression. Le Gouvernement du président Harding reste opposé, au moins provisoirement, à toute immixtion dans la politique européenne. La propagande allemande a tenté d’émouvoir, par d’invraisemblables inventions, les sentiments humanitaires des Américains, mais, comme pendant la guerre, elle a dépassé le but et forcé la note. La grande masse de l’opinion américaine est aujourd’hui fixée ; elle reste dans la même tranchée que ses alliés de 1917 et 1918. En Amérique, comme dans tous les pays, l’occupation de la Ruhr a eu le même résultat ; ceux dont les sympathies, durant la guerre, étaient acquises à l’Allemagne et qui, depuis l’armistice se tenaient prudemment silencieux, se sont de nouveau déchaînés ; mais ceux, plus nombreux et plus intéressants, qui étaient venus spontanément à la cause des Alliés, se rallient à notre drapeau : car telle est la vertu de l’action.
La session du Conseil de la Société des Nations vient de se tenir à Paris et, à cette occasion, le chancelier d’Autriche, Mgr Seipel, y a