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Gombauld, Habert de Cérisy y collaboreront. Chapelain priera enfin Boisrobert de soumettre au cardinal leur projet rédigé Nous avons la lettre de Chapelain à Boisrobert du 31 juillet 1637 transmettant le texte : elle montre clairement, entre autres choses notons-le, pour juger dans un instant certaine scène de Charonne), que Chapelain ne voit pas Richelieu, toujours inaccessible, surtout au milieu des événements que l’on sait, qu’il ne parle qu’à Boisrobert et ne communique avec le cardinal, comme tous ses confrères, que par l’intermédiaire de celui-ci.

Richelieu prit connaissance du projet des Sentiments, ou plutôt on le lui lut. Il a été dit que le cardinal annota lui-même, de sa main, le manuscrit. Nous avons ce manuscrit. Vérification faite, l’écriture n’est pas, comme on l’a cru, do Richelieu. Mais, certainement, le cardinal a dicté les quelques notes, très peu nombreuses, qui se lisent dans les marges. Rappelons ces notes pour bien nous rendre compte des impressions du ministre : les voici : « Il faut un exemple. Il faut un tempérament... Faut voir si la pièce le dit... Bon, mais se pourrait mieux exprimer... Il ne faut point dire cela si absolument... Il faut adoucir cette expression. » Puis, à la page 57, tout un grand passage est supprimé où il était dit que Scudéry avait bien fait de fustiger la vanité de Corneille. Richelieu aurait ajouté : « qu’il fallait y jeter (encore dans ce texte) quelques poignées de fleurs. »

Ainsi, visiblement, il semble que le cardinal ait plutôt estimé le document un peu sévère à l’égard de Corneille et qu’il ait voulu qu’on « l’adoucit. » En effet, dans une lettre à l’abbé de Bourzeis du 30 novembre, Chapelain, conformément à ces indications, écrira qu’avec Desmarets et Habert de Montmort, il travaille à développer « la louange des beaux endroits du Cid. » Boisrobert, écho des sentiments de Richelieu, et commentant le sens de ces mêmes notes, mandera à Mairet le 5 octobre, avec une nuance de regret, qu’on trouve, tout de même, « le Cid assez malmené par les Sentiments de l’Académie. » Si Richelieu est pour quelqu’un dans le débat, c’est certainement plutôt pour le « pauvre M. Corneille, » comme dira Boisrobert, qui reprochera à Mairet ses violences, ajoutant que les écrits de l’auteur du Cid « ne demandaient pas des armes si fortes et si pénétrantes que les vôtres. » La preuve en est encore que, d’après