fondé des accusations, me plonge parfois dans une angoisse qui me fait frissonner, d’autant plus que bien des fois je dois me taire, car, pour me justifier, je devrais dénoncer des compatriotes.
La continuation de mon interrogatoire n’a pas eu lieu et j’en souffre beaucoup, ma tête est bien près d’éclater, et elle me fait mal ; parfois, je la tiens entre les mains, pour essayer de la soulager un peu ; je ne puis me tenir au travail. Oh ! que je voudrais être au bout de ce maudit interrogatoire.
Les voisins me consolent et me stimulent, oh ! les braves ! et ainsi à chacun il arrive d’encourager et d’être encouragé…
Oui, Baucq, résiste, résiste toujours, refuse d’être lâche, refuse d’être traître, voilà la seule ambition qui doit te guider et pour laquelle tu résisteras jusqu’au bout.
J’envoie une carte postale à ma sœur pour lui témoigner toute ma reconnaissance, car j’ai appris combien elle s’intéresse à moi et combien elle se dévoue en aidant ma chère femme.
Enfin, l’interrogatoire a continué aujourd’hui. J’ai été questionné pendant quatre heures et ce n’est pas fini… On m’a confronté avec Van Dievoet.
Celui-ci avoue que, le 25 juin, à sept heures du matin, des jeunes gens se sont réunis chez lui, où je suis venu leur parler à voix basse ; ensuite ils sont sortis et je les ai suivis, M. Van Dievoet est d’avis que le rendez-vous doit avoir été fixé par moi, parce qu’il ne connaît personne d’autre qui s’occupe de recrutement.
M. Henry a bien voulu accepter de faire parvenir une lettre à ma chère femme.
Je suis à peu près remis de mes fortes émotions ; je m’abstiens de relater ici certaines impressions qui m’ont troublé l’âme ; cette note a pour objet de me les rappeler plus tard.
En lisant le journal, je constate que les Russes commencent à se ressaisir. Une partie de leur communiqué doit, je crois, avoir été supprimé et pour cause… Mon appréciation se confirme en lisant le résumé de la situation où il est écrit : « Les