Page:Revue des Romans (1839).djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


BRÉCY (Mme  Adel. Isob. Jean de),
née à Lunéville le 7 février 1772. (Tous les ouvrages de cette dame sont anonymes ; on leur a donné dans le monde Mme  Chemin pour auteur.)


LE COURRIER RUSSE, ou Cornélie de Justal, 2 vol. in-12, 1807. — Le Courrier russe est un roman épistolaire. Le jeune Saint-Estève est forcé par ses parents d’épouser Cornélie de Justal à peine âgée de quinze ans, gauche, timide, et qui ne possède aucun talent. Saint-Estève s’en dégoûte dès le premier jours du mariage, et à peine les deux époux ont-ils passé quelques jours ensemble, que la révolution éclate et les sépare. Saint-Estève quitte la France pour courir le monde avec une coquette ; mais du fond du château de sa tante, Cornélie veille sur son mari, parvient à le tirer des déserts de la Sibérie, à le faire sortir des prisons de Newgate. Ce n’est pas tout : dans l’espoir de paraître un jour aimable aux yeux de Saint-Estève qu’elle n’a pas cessé d’aimer, Cornélie se donne à elle-même une brillante éducation. Après être parvenue à faire rayer son mari de la liste des émigrés, elle l’attire en France chez un généreux acquéreur de ses biens, qui a une nièce charmante pour laquelle il conçoit la plus vive passion ; cette nièce est Cornélie qu’il n’a pas reconnue. Saint-Estève qui, au milieu des plus grands désordres, a toujours respecté sa femme, ne songe au divorce que lorsqu’il est éperdument amoureux de celle dont il veut se séparer. Sa femme seule a le pouvoir de l’amener à ce comble d’infidélité envers elle-même. — L’action de ce roman s’enchaîne rapidement. Dès les premières lettres, l’attention du lecteur est éveillée, et il ne peut plus quitter le livre, qui renferme des détails d’une grande vérité.

CLÉMENCE DE SORLIEU, ou l’Homme sans caractère, 3 vol. in-12, 1809. — Le personnage peint dans ce roman n’est pas précisément un homme sans caractère ; il est vrai qu’il est sans cesse le jouet d’amis perfides, qui se servent de sa faiblesse et de sa facilité pour le dominer et le diriger à leur gré ; mais son amour constant pour Mme  de Vidal, son amitié pour un personnage aussi infâme et aussi odieux que Ségonzac, ne sont point d’un homme sans caractère : sa manière d’agir tient plutôt à une vivacité de désirs, à une effervescence de passions qui l’entraînent et le portent à saisir le présent sans s’occuper de l’avenir. — On trouve dans cet ouvrage, dont le style est assez rapide, des détails curieux sur les Basques, et des particularités assez singulières sur les Bohémiens.

HISTOIRE DE MADAME LA COMTESSE DE PALASTRO, 3 vol. in-12, 1812. — Mme  de Palastro est une veuve napolitaine, âgée de cinquante ans, immensément riche, ayant été fort belle et fort coquette, et, quand sa beauté était au moins diminuée de moitié,