Aller au contenu

Page:Revue des Romans (1839).djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


merci, et puis la tue d’un coup de pistolet. Deux ans après, Bertrand expire miné par le chagrin.

Le Maçon, roman de mœurs populaire, est une composition de compte à demi, faite avec Michel Masson. Cet ouvrage a donné naissance au pseudonyme de Michel Raymond, exploité depuis par l’un et par l’autre auteur du Maçon, bien que leur association ne se soit pas renouvelée (France litt.). Nous connaissons encore de cet auteur : Mensonge, 2 vol. in-8, 1837.

Séparateur

BRUNTON (Mme), romancière anglaise.


LAURE DE MONTREVILLE, ou l’Empire sur soi-même ; traduit de l’anglais par le traducteur des Épreuves de Marguerite Lindsay, 5 vol. in-12, 1819. — L’auteur de ce roman semble s’être proposé de mettre en action un de ces combats de la vertu aux prises avec les séductions intérieures et extérieures, et de faire triompher ce principe puisé aux sources les plus pures du christianisme, de l’immolation de soi-même. Cette moralité est développée dans une fable simple, remplie de détails de la vie domestique et d’observations cherchées au fond du cœur humain. Dès les premières pages Laure est sur le point de tomber dans un piége affreux ; elle voit l’abîme et s’en éloigne avec effroi ; alors on prévoit que jusqu’à la fin on assistera à un duel entre le crime et l’innocence, entre la ruse et la faiblesse, entre l’audace et la vertu confiante. — La manière de madame Brunton rappelle le bon temps du genre, et cette époque classique où les romans devaient tout à l’imagination, où l’on se croyait obligé de créer une fable, un drame, où, enfin, on ne faisait point des romans avec des altérations de l’histoire.

OSMOND, 4 vol. in-12, 1827. — Montrer jusqu’où peuvent nous entraîner les passions les plus nobles, quand la religion n’en modère pas les excès, faire voir les suites de l’imprudence chez une jeune personne sans expérience, et les effets d’une tendresse mal éclairée dans le cœur d’une femme généreuse, tel est le but que s’est proposé l’auteur de ce roman. — Osmond ne ressemble à aucun autre personnage de roman ; sensible et violent, bon et barbare, amoureux avec abandon et jaloux avec frénésie, capable des plus beaux dévouements et des plus odieux excès, c’est un homme dont malheureusement on rencontre assez souvent le modèle dans le monde. S’il n’inspire pas un intérêt positif, il étonne, il impose ; il y a quelque chose d’attachant dans ce caractère, malgré tout ce qui contribue à le rendre repoussant aux yeux d’un lecteur honnête homme. Placé entre deux femmes pour lesquelles il éprouve de l’amour, il fait le malheur de toutes deux et le sien propre ; toujours combattu par les remords, mais toujours cédant à la violence de ses passions, il plonge la première