Page:Revue des Romans (1839).djvu/164

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dans les pirogues, et le brick file loin de Cumana. Il est difficile de prévoir ce qui serait advenu aux jeunes prisonnières, si un vaisseau danois, qui s’était mis à la poursuite des pirates, ne fût parvenu, après un combat sanglant, à s’emparer de l’Oiseau de nuit, dont tout l’équipage fut pendu, à l’exception du Banian, qui parvint à se sauver et à gagner la France. À Paris, le Banian retrouve une comtesse de l’Annonciade, ancienne passagère du Toujours le même, et il était sur le point de l’épouser, lorsque le brave capitaine Lenclume l’atteint à la mairie et met la noce en déroute. Le Banian dut renoncer à ses projets, et mourut bientôt de misère et de honte.

Nous connaissons encore de M. de Corbière : Les Pilotes de l’Iroise, in-8, 1832. — La Mer et la Marine, in-8, 1833. — Contes de bord, in-8, 1833. — Le Prisonnier de guerre, in-8, 1834. — Scènes de mer, 2 vol. in-8, 1835.

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COTTIN (Mar.-Joséphine Risteau, Ve),
née à Tonneins en 1773, morte à Paris le 25 août 1807.


CLAIRE D’ALBE, in-12, 1799. — Cinq romans sont sortis de la plume de Madame Cottin : on les lut avec avidité au moment où ils parurent ; réimprimés plusieurs fois, on les relit avec un plaisir toujours nouveau. Une analyse détaillée de ces romans n’aurait rien de neuf pour le public, qui les a lus tant de fois ; aussi ne nous engagerons-nous pas dans un travail que nous croyons inutile ; mais nous pensons qu’il ne sera pas sans intérêt de présenter quelques considérations morales sur des ouvrages aussi attachants, et de retracer l’impression qu’ils laissent dans l’âme, lorsque la curiosité n’entre plus pour rien dans le plaisir que leur lecture fait éprouver. — Le caractère distinctif des romans de Mme  Cottin est une sensibilité rare, profonde, et qui porte toujours le langage du cœur. Ce fut sans doute le spectacle de nos dissensions civiles, dont Mme  Cottin fut témoin pendant sa jeunesse, qui contribua à développer en elle cette sensibilité, à l’exalter peut-être. Les impressions funestes, les secousses terribles qu’elle éprouva, donnèrent d’abord à son esprit une teinte un peu sombre. Fatiguée de ce qui se passait autour d’elle, elle sentit le besoin de se retirer dans un monde idéal : elle composa des romans ; mais son imagination, fatiguée de scènes terribles, ne pouvait lui fournir que des tableaux lugubres. C’est dans cette disposition d’esprit que Mme  Cottin écrivit Claire d’Albe, son premier ouvrage, dont elle employa le prix à une bonne action. La lecture de Werther paraît avoir inspiré à Mme  Cottin l’idée de Claire d’Albe ; car, à quelques nuances près, elle a donné à Claire le caractère de Werther. Malgré les éloges que mérite cette pre-