Page:Revue des Romans (1839).djvu/169

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roman, où les tristes beautés de la Sibérie, les misères de l’humanité, la charité du pauvre, la clémence des rois, et les affections les plus pures, sont décrites avec des couleurs toujours vraies, toujours brillantes, Mme  Cottin prouva que son âme n’était étrangère à aucun sentiment vertueux, et son talent à aucun des secrets de l’art d’écrire. Les détails de ce petit roman historique respirent une simplicité touchante, que l’on retrouve aussi dans l’histoire véritable de l’héroïne, publiée par M. Xavier de Maistre, sous le titre de la Jeune Sibérienne. (Voyez Xavier de Maistre.)

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COUAILLAC.


PITIÉ POUR ELLE, 2 vol. in-8, 1837. — Pitié pour elle est l’histoire de deux jeunes époux qui viennent imprudemment livrer au tourbillon parisien la sérénité et la joie d’une union formée sous les plus heureux auspices. M. et Mme  Dérilly, jeunes, riches et brillants, sont reçus dans le monde avec empressement et distinction ; tous les succès leur sont offerts. Mme  Dérilly est entourée d’hommages qu’elle dédaigne par amour pour son mari ; Dérilly, plus faible, se laisse captiver par les séductions d’une coquette ; il trahit la foi conjugale, et sa femme, égarée par le désespoir que lui cause cette infidélité, comme l’irréparable faute que lui conseille une folle idée de vengeance et de représailles. Le remords vient bientôt au cœur des deux époux ; mais leur situation est bien différente. Dérilly peut invoquer son pardon, mais l’épouse coupable n’a pas le même droit. Dérilly, touché du repentir de sa femme, fait de vains efforts pour lui rendre sa tendresse ; il peut pardonner, mais non pas oublier. Mme  Dérilly, pour mettre fin à ses douleurs, prend un parti terrible, et le roman se termine par un dénoûment fatal et dramatique. — On trouve dans cette production une grande finesse d’observations. Roussel est un excellent type de mari de province ; Léon de Morvan et Édouard Dervilly offrent des esquisses bien touchées ; Sophie est un heureux mélange de délicatesse, de force et de grâce, qui fait qu’on l’aime, qu’on l’admire et qu’on la plaint. En résumé, ce livre mérite d’être lu, car il y a en lui deux éléments de succès : le rire et les larmes.

UNE FLEUR AU SOLEIL, in-8, 1838. — On suit dans ce roman l’existence d’une jeune fille qui, sortie d’une loge de portier, veut s’élever à une loge d’actrice. L’auteur a pris sur le fait la nature dans les coulisses et les lieux circonvoisins ; il en a tracé le tableau en observateur assidu et intime ; il n’a rien dissimulé, rien exagéré ; tout son livre est d’une exactitude scrupuleuse. Dans le galerie de ses portraits, on distingue la mère d’emprunt qui a toujours une