Page:Revue des Romans (1839).djvu/179

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Seine, depuis Corbeil jusqu’à Melun ; après lui avoir montré le château de Saintres, il lui fait faire connaissance avec Arthur Raimbault, spéculateur de démolitions, qui, pour se venger des dédains aristocratiques auxquels il a été jadis en butte, entreprend de démolir les retraites orgueilleuses des nobles d’autrefois, lesquels mettaient volontiers le pied sur les petits pour se servir d’eux comme d’un marche-pied. Arthur, pour arriver à l’accomplissement de ses projets, se sert de deux femmes : l’une, qu’il a connue dans son enfance lorsqu’il gardait les troupeaux, et dont il eut l’audace de devenir amoureux, est la femme de M. de Noë, diplomate retiré, joueur à peu près ruiné, auquel Arthur vend une partie du château de Saintres, pour assurer les derniers débris de sa fortune. La richesse d’Arthur lui facilite les moyens de voir et de séduire Mme de Noë. L’autre femme, fermière élégante élevée au pensionnat, est mariée au fermier Évon, rustre qui ne la comprend pas, que Raimbault emploie à revendre les morceaux de terre aux habitants du pays. Arthur devient à la fois l’amant de Mme Évon et de Mme de Noë. Cette double intrigue, après avoir été traversée par mille jalousies, se découvre enfin et amène le dénoûment. Arthur, surpris dans un double tête à tête par M. de Noë et par le fermier Évon, est tué en duel d’un coup de pistolet. Dénoûment qui démontre d’une manière péremptoire que l’analyse du cœur humain et de la société est l’unique objet que doit poursuivre le romancier qui prétend à autre chose qu’à émouvoir les femmes de chambre sentimentales, et les amateurs du gros mélodrame du boulevard du Temple.

Nous connaissons encore de cet auteur : Lucien Palma, 2 vol. in-8, 1835. — La Duchesse de Presle, 2 vol. in-8, 1836.

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DAVIN (Félix).


UNE FILLE NATURELLE, 2 vol. in-8, 1836. — La fille naturelle dont il est ici question est Diane de France, fille de Henri II et d’une demoiselle de Coni. Diane avait été légitimée par son père, qui lui fit un opulent apanage, et la maria au duc de Farnèse, tué au siége d’Hesdin peu après son mariage. Le roi, qui portait à sa fille une vive affection, avait décidé qu’elle épouserait en secondes noces le duc François de Montmorency, fils du connétable Anne de Montmorency, dont cette union comblait les vœux. Malheureusement le duc François était marié secrètement à Jeanne de Pienne, sœur du colonel Bonnivet. Il s’agissait de faire rompre ces liens par le pape ; mais Paul IV s’y refusait, à l’instigation des Guises. D’un autre côté, Diane de France se souciait peu d’un mariage qui ne flattait ni sa vanité ni son cœur, et préférait un