Page:Revue des Romans (1839).djvu/192

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tion de la liberté de l’homme ; mais à peine y est-elle effleurée ; seulement Jacques répète sans cesse que tout ce qui arrive est écrit là-haut, et qu’il y a un grand rouleau qui contient tous les événements de ce monde, etc. ; et avec ces deux ou trois phrases, qui reviennent à tout propos, l’auteur croit avoir tracé un caractère. Le livre est rempli de contes scandaleux, et même orduriers, de moines, de catins, d’escrocs, d’histoire sales, racontées dans des termes bas, dont l’auteur prévoyait sans doute que le lecteur serait choqué ; car, répondant à l’avance aux reproches qu’il pensait bien qu’on lui adresserait à ce sujet, il se demande pourquoi on ne parlerait pas de l’acte physique de la génération aussi librement que de toute autre chose. Pourquoi ? parce que cet acte, si vous en ôtez l’idée de préférence, le charme de l’amour, l’attrait du mystère, n’offre plus rien que de grossier et de dégoûtant.

On doit aussi à Diderot : Les Bijoux indiscrets, 3 vol. in-12, 1748. — L’Hymen réformateur des abus des mariages, in-12, 1756. — Contes et Nouvelles, in-12, 1773. — Les deux Amis de Bourbonne, in-12, 1822.

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DIDIER (Charles).


CHAVORNAY, in-8, 1838. — Chavornay appartient à la classe du roman sentimental qui fait venir l’amour après le mariage, et c’est la lutte des passions avec le devoir, dans deux nobles cœurs, que l’auteur entreprend de raconter. Chavornay est né de parents pauvres, mais honnêtes, humbles paysans des montagnes, qui sont parvenus, à force de travail, à laisser un petit patrimoine à leur unique enfant. Après la mort de ses parents, Chavornay vend tout son bien et se décide à en employer le prix à voyager. Sa destinée le conduit à Pise, où elle le rend amoureux de la belle duchesse Hélène d’Arberg. Hélène est assurément une des belles créations littéraires que nous connaissions ; ce n’est point une femme de génie, supérieure aux préjugés sociaux et même aux lois, qui s’indigne contre l’injuste répartition des droits ; c’est tout simplement une femme jeune et belle, l’esprit cultivé, le cœur excellent, que le luxe et les flatteries n’ont point gâtée, qui accorde à tout une tendre bienveillance en échange de l’admiration et de l’amour qu’elle inspire. Trois hommes subissent d’une façon différente l’influence de cette admirable femme : le duc d’Arberg, son mari, amoureux à sa manière, qui aime comme il sent et comme il pense, très-vulgairement ; le second, un jeune comte corse, appelé Campomoro, homme superbe, qui ne comprend l’amour que par le désir, et qui n’est pas scrupuleux sur les moyens de satisfaire ses passions ; et enfin, Chavornay. Lui seul a compris cette belle créature ; pendant que les autres s’arrêtent à l’adoration de la forme, son œil a pénétré la mystérieuse enveloppe, et con-