Page:Revue des Romans (1839).djvu/239

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amants qu’elle a eus successivement, de quatre ou cinq philosophes ou écrivains fameux, de quelques personnages ordinaires, et d’une intrigante qui ne l’est assurément pas. Mariée fort jeune à un homme très-jeune, Mme d’Épinay l’aima beaucoup pendant plusieurs mois de suite, après quoi elle ne put plus le souffrir. Que faire d’un tendre sentiment et d’un cœur sensible dont un mari s’était montré indigne ? Les mœurs corrompues du siècle, des exemples trop séduisants, et peut-être des penchants trop naturels, n’indiquaient-ils pas qu’il fallait le donner à un amant ? Cependant Mme d’Épinay ne tira pas tout de suite cette conséquence ; mais elle la tira enfin. Un matin qu’elle venait de se brouiller avec son mari, elle voit entrer chez elle Mlle d’Ette ; elle était alors dans une situation déplorable : ses espérances d’un bonheur domestique au sein de sa famille entièrement trompées, ses douces illusions détruites, son cœur vide d’un sentiment légitime auquel elle s’était livrée avec ardeur, toutes ces causes avaient porté le désordre dans ses nerfs et l’avaient plongée dans une profonde mélancolie. Mlle d’Ette la voyant souffrante, lui propose un remède, c’était de prendre un amant. Mme d’Épinay se révolte à cette proposition, mais elle souffre la discussion : la thèse pour et contre est soutenue en règle. La logique de Mlle d’Ette est subtile et pressante ; celle de Mme d’Épinay va toujours en s’affaiblissant ; enfin elle ne se retranche plus que sur le Qu’en dira-t-on ? et sur le soin de sa réputation. « La réputation ! s’écrie Mlle d’Ette : quelle est ma réputation à moi ? — Très-bonne, répond Mme d’Épinay. — Eh bien, il y a dix ans que j’ai un amant. » C’était répondre avec une rare impudence. — Cette singulière controverse est très-bien racontée dans ces mémoires. En général, Mme d’Épinay excelle à rapporter les conversations ; elle a un talent particulier pour mettre sous les yeux des lecteurs les scènes dramatiques. Le scandale de quelques aveux et de quelques révélations, la célébrité de quelques hommes, voilà ce qui fait soutenir la lecture de trois volumes généralement dépourvus de faits, d’événements, d’intérêt ; ces hommes célèbres sont Duclos, J.-J. Rousseau, Diderot, Saint-Lambert, Desmahis, le baron d’Holbach et Grimm.

On a encore de Mme d’Épinay : *Lettres à mon Fils, in-8, 1758. — *Mes Moments heureux, in-8, 1758. — *Conversations d’Émilie, 2 vol. in-12, 1774.

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ÉRASME (Didier),
né à Rotterdam, le 2 octobre 1467, mort le 12 juillet 1536.


L’ÉLOGE DE LA FOLIE, trad. du latin par Gueudeville, in-8, ornée de 80 figures d’après Holbein (mauvaise traduction, recherchée seulement pour les figures). Idem, trad. par Barrett, in-12, 1789 (c’est